Le classement Forbes des milliardaires pour l’année 2021 nous annonce une hausse de 62% sur un an de la fortune boursière des 20 personnes les plus riches du monde. Un constat inouï !
En tête, Jeff Bezos (Amazon) avec 177 milliards de dollars, suivi d’Elon Musk (Tesla) avec 151 milliards et, à la troisième place, de Bernard Arnault (LVMH), avec 150 milliards. Un sacré trio d’entrepreneurs exceptionnels et de créateurs d’entreprises qui resteront, quoi qu’il arrive, dans l’histoire de l’économie mondiale. Derrière ce tiercé de rêve, on retrouve Bill Gates (Microsoft), puis Mark Zuckerberg (Facebook), Warren Buffett (Berkshire Hathaway), Larry Page (Google/Alphabet), Larry Ellison (Oracle), Sergey Brin (Google) et Mukesh Ambani (Reliance). Au total, un top 10 étourdissant et vertigineux d’entrepreneurs, créateurs de richesses et fournisseurs de mégas emplois (plus d’un million de salariés chez Amazon, par exemple).
Les égalitaristes français, à commencer par Thomas Piketty, qui ne cessent de dénoncer les milliardaires à travers leur idéologie anti-riches, feraient bien d’examiner d’un peu plus près la réalité de ce phénomène : les milliardaires ne sont plus en majorité, et depuis longtemps, des rentiers et des héritiers, si tant est qu’ils l’aient été un jour, mais des entrepreneurs. Il y a vingt ans, la planète des ultrariches, selon Éric Le Boucher, un chroniqueur économique très affûté, « se partageait en deux fractions égales : les héritiers et les self-made men and women. La première catégorie se partageait également en deux, les héritiers purs et ceux qui avaient hérité mais qui avaient grossi l’affaire de leurs parents. »
Ce sont eux qui génèrent le plus de richesses sur les cinq continents
En 2021, sur les 2 755 milliardaires recensés dans le classement Forbes, 71 %, soit 1 975 personnes, sont des self-made-men. On pourra toujours ergoter et discuter à perte de vue sur les montants de plus en plus élevés des fortunes boursières de ces milliardaires. La raison en est principalement que leur terrain de chasse n’est plus leur pays ou leur continent, mais la planète tout entière. En outre, les inventions technologiques de certains d’entre eux, extrêmement novatrices, sont attractives pour tous les consommateurs du monde entier. Ce sont eux qui génèrent le plus de richesses sur tous les continents, qui inventent le plus de technologies nouvelles et qui créent le plus d’emplois. Certains d’entre eux, parmi les plus célèbres comme Bill Gates ou Warren Buffett, sont également immensément généreux et peuvent aller jusqu’à distribuer 90% de leur fortune à des « bonnes causes » et des associations caritatives.
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Thomas Piketty et Jean-Luc Mélenchon, parmi beaucoup d’autres idéologues – en France, ce n’est pas ce qui manque –, ont décidé une fois pour toutes qu’être riche, c’était mal. C’est aussi « ce que semble diffuser la religion catholique et ce que reprennent en chœur les marxistes, les égalitaristes et les jaloux depuis Abel et Caïn, et les socialistes depuis François Mitterrand » selon Bernard Zimmern, le fondateur de l’iFRAP, dans son essai Changer Bercy pour changer la France (Éd. Tatamis, 2015). Et Zimmern d’ajouter : « Les trois quarts des riches sont exactement à l’opposé des images d’Épinal. Ils vivent plutôt des vies d’ermites, cloués au travail et dans la crainte permanente d’un retournement de conjoncture. »
« Les riches sont la solution, pas le problème »
Quant à Éric Le Boucher, dans une chronique récente à L’Opinion, il écrit ceci : « Les milliardaires sont de plus en plus “clean”, leur argent provient des technologies numériques, médicales ou des services et non pas de l’extraction des matières premières et des vieilles industries. Les milliardaires encore sales sont d’abord russes. » Et de fait, la part des richesses détenues par les milliardaires, en pourcentage du PIB de leur pays, est très révélatrice : ce sont les oligarques russes qui arrivent en tête avec 35%. Aux États-Unis, les milliardaires ne détiennent que 20% du PIB de leur pays. En France, c’est 17%, et en Allemagne, 14%.
Dans notre Hexagone socialiste et très social, les ultrariches continuent d’être décrits imperturbablement comme des exploiteurs sans foi ni loi ou, au mieux, comme des héritiers vivant de rentes accumulées par leurs parents ou leurs grands-parents, des rentes qui ne cesseraient de s’accroître par on ne sait quels miracles ou quelles combines inqualifiables. Or c’est précisément le contraire. Selon Bernard Zimmern, qui avait sous-titré son essai sur Bercy « Les riches sont la solution, pas le problème » : « Ces très riches ne sont pas des parasites, ils ne profitent pas de la croissance générale, ce sont eux qui la font. » Et ce sont eux qui créent le plus d’emplois directs ou indirects. Partout dans le monde civilisé, sauf en France, ces milliardaires sont considérés comme des bienfaiteurs de l’économie. Serait-il possible que l’on puisse enfin chez nous en tirer les conséquences ? Le plus tôt serait le mieux…