Après avoir tergiversé un temps, la FIFA a décidé d’exclure les clubs et l’équipe nationale russes de toutes les compétitions suite à l’invasion de l’Ukraine. Au-delà de cette crise, constatons que le foot mondialisé, pur produit de consommation, épouse toutes les causes validées par le sacro-saint triumvirat médias/politiques/marques. Impossible de se détendre pendant un match désormais, on veille à vous inculquer la vertu honorable.
La vertu honorable, vous savez, celle qui n’engage à rien…
… mais qui vous fait appartenir au camp du Bien. Je le confesse : j’aime pourtant encore le football. Je sais que c’est bête, je vois bien que le spectacle grand public dont l’on nous gave n’a plus toujours grand chose à voir avec l’idée que l’on se faisait de ce sport, mais tant pis. Il me reste encore quelques raisons de suivre la saison : le talent, les plans de jeu, la tension inhérente à certains matchs, l’espoir de buts d’anthologie ou de faits de jeu marquants.
Il y a cependant une énorme différence entre le football et sa version mondialisée et commerciale conçue par la FIFA. Et cette dernière version commence sérieusement à me courir sur le haricot. Impossible de se détendre: clubs, joueurs et sponsors bavent leur moraline à deux balles par tous les moyens possibles.
La tendance du moment: à bas la guerre !
La grande cause du moment, c’est évidemment la guerre en Ukraine. Le mot d’ordre est simple : il faut arrêter la guerre, la guerre c’est mal, à bas la guerre, vive la paix. Comme c’est profond… Qu’on ne se méprenne pas sur mon propos : déplorer la violence guerrière est une réaction plutôt naturelle chez moi, même si je sais qu’il y a des guerres malheureusement nécessaires.
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Le problème, ce sont les moyens employés. En quoi 22 types en short tenant une pancarte « STOP WAR » avant un match de Ligue Europa vont-ils changer quoi que ce soit ? Que croient faire les diffuseurs du championnat espagnol en insérant un bandeau « Stop invasion » durant les retransmissions ? Ont-ils réellement imaginé que Vladimir Poutine, impressionné par tant de détermination, y réfléchirait à deux fois avant de donner libre cours à ses lubies tsaristes ?
BLM, LGBT, racisme, respect, droit des femmes…
Ça a commencé quand, cet affichage de vertu indécent et ostentatoire ?
On a eu les campagnes « No to racism », les brassards et maillots LGBT, et, depuis deux ans, le spectacle navrant du genou à terre au début de chaque match, diktat Black Lives Matter oblige. Quand je vois les joueurs et l’arbitre s’agenouiller ainsi, je ne peux m’empêcher de penser à des chevaliers se faisant adouber. Sauf que dans ce cas précis, ils ne se font pas adouber par le monarque mais par les annonceurs, les sponsors et les médias complaisants au wokisme.
Si le joueur n’affiche pas la vertu appréciée ou – pire – s’il prétend penser par lui-même, on le rétrograde vertement. Le joueur de Crystal Palace (Premier League) Wilfried Zaha a ainsi été sommé de se justifier médiatiquement parce qu’il avait refusé de poser le genou à terre. Parfois, les contrats de sponsoring sont rompus. Nike a ainsi mis fin à son contrat avec le joueur de Manchester United Mason Greenwood soupçonné de viol… alors que l’enquête était encore en cours d’instruction. Le licenciement expéditif est une réalité dans ce milieu. Le cas récent d’Aleksandar Katai, viré de la franchise américaine des LA Galaxy, en raison des tweets postés par sa femme (plus que douteux, certes), est éloquent : un salarié renvoyé pour quelque chose qu’il n’a pas fait et dont il n’est pas responsable, en voilà une vertu !
Faites ce que je dis, pas ce que je fais
Au-delà de la stérilité de toutes ces manifestations, on pourra discuter des aspects moraux de certaines initiatives. Cet amour dégoulinant a quelque chose de repoussant et de terriblement gênant. Ces gens-là clament des slogans pour s’acheter une vertu et être validés, mais bien peu font réellement ce qu’ils disent.
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Lilian Thuram fustige le racisme ? Lui-même s’est vu reprocher par Fabien Barthez une tentative d’exclusion de certaines photos des joueurs blancs de l’Équipe de France… De nombreux clubs participent à la campagne « Football vs. homophobia » en février ? Pourtant, cela reste un milieu où il est mal vu d’être homosexuel. Le très titré footballeur allemand Philip Lahm, dans une biographie parue il y a un an, conseillait carrément aux joueurs homosexuels de garder le secret parce « qu’il y a encore un manque d’acceptation dans le monde du football ». On vous chante les bienfaits du “respect” ? Il semble pourtant que les footballeurs fournissent régulièrement sur les terrains un contingent conséquent de bagarreurs, tricheurs ou agresseurs… Il y aurait trop d’exemples à donner ici.
Et le respect de la présomption d’innocence ? Et la liberté de penser ? Et l’universalité des causes défendues ? Bref, les acteurs du football FIFA sont des hommes comme les autres. Partant, s’ils pouvaient arrêter de nous emmerder avec leurs leçons de morale.
Football inclusif: j’ai fait un rêve…
On pourrait conclure en imaginant un match de football dans cinq ans. Après avoir posé un genou à terre (pour BLM, contre le racisme), des joueurs revêtus d’un maillot arc-en-ciel (pour la propagande LGBT) arborant un clitoris (pour le féminisme) courront masqués (le coronavirus étant toujours dans les parages) derrière un ballon. L’arbitre ne donnera plus de cartons, jugés trop stigmatisants (halte à la nullophobie !) et les défaites seront interdites pour la même raison. À la mi-temps, les joueurs feront une ronde pacifique pour la paix dans le monde. Enfin, des groupes de parole seront organisés en troisième mi-temps dans le vestiaire, pour discuter de leur « vécu »(il est temps de causer masculinité toxique et homophobie).
La vertu, c’est comme la confiture : moins on en a, plus on l’étale.
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