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Football: «L’Equipe» plutôt favorable à des aménagements pour le ramadan, «Causeur» nettement moins

Menace séparatiste sur nos terrains de foot!


Football: «L’Equipe» plutôt favorable à des aménagements pour le ramadan, «Causeur» nettement moins
Les joueurs Said Benrahma et Nayef Aguerd, de l'équipe de Premier League anglaise de West Ham, rompent leur jeûne, London Stadium, 5 avril 2023 © Simon Dael/Shutterstock/SIPA

L’Equipe du 2 avril 2023, nous a gratifiés d’une tribune larmoyante du journaliste Régis Dupont, lequel interpelle la Fédération Française de Football sur les coupures refusées pour rompre le jeûne du ramadan.


Cette tribune est exemplaire en ce qu’elle déroule tous les clichés de celui qui n’a jamais pris le temps de réfléchir à un problème dans sa globalité et ne s’en empare que pour exhiber sa noblesse d’âme et sa vertu et se mirer dans la bonne image qu’il a de lui-même.

Ils n’y connaissent rien. Ils sont persuadés d’œuvrer pour la tolérance et le dialogue des cultures alors qu’ils tiennent la porte de l’islam politique!

Dans cette tribune, tout pose problème. Incapable de trouver un autre exemple de religion cassant les pieds des fédérations et de ses adeptes jusque sur les terrains de foot, l’auteur s’en prend au fait que des chasses aux œufs sont parfois organisées sur des terrains de foot. Or le concept de chasse aux œufs n’est pas très religieux et serait plutôt à mettre en lien avec la sécularisation de nos sociétés, autrement dit la perte du sens des symboles religieux et la perte de l’emprise prescriptive du religieux sur la société. Mais surtout, on ne peut dire que la revendication d’organiser des chasses aux œufs soit très importante, encore moins systématique ni qu’elle montre l’envahissement des vestiaires par un intégrisme chrétien militant ! On ne voit pas non plus beaucoup de Juifs exiger que la FFF interdise les matchs le jour du Shabbat ou réclamer le port de la kippa en championnat…

Une religion qui aime s’exhiber

Pourquoi ? parce que, pour ceux qui ne sont pas les porte-drapeaux d’une idéologie ou qui ne portent pas en étendards leurs revendications identitaires, la religion ne passe pas avant tout et les terrains de sport ne sont pas un espace où exercer le prosélytisme religieux. Ce n’est pas le cas pour les musulmans sous influence islamiste. En effet, si l’islamisme investit autant sur l’orthopraxie et l’exhibitionnisme de la pratique, c’est parce que c’est en soi une forme de prosélytisme. L’affichage de l’appartenance religieuse à travers des comportements distinctifs permettant de marquer sa différence et d’envoyer des rappels à l’ordre permanents à ses coreligionnaires est une forme de conditionnement social. Sur les terrains, deux objectifs : diffuser l’idée que le bon musulman est celui qui pratique de façon absolue et selon les oukases des plus radicalisés et tester la résistance des sociétés européennes en imposant ses dogmes et obligations religieuses jusque sur le terrain et en compétition. Quelle autre religion aujourd’hui se permet de poursuivre ses adeptes jusque dans les vestiaires et au bord du terrain ?

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Ne facilitons pas la bataille existentielle des islamistes!

Or le ramadan n’est pas une obligation légale en France. Celui qui choisit de le faire n’a pas à enquiquiner tous ceux qui sont autour de lui pour que chacun tienne compte de ses lubies. Aucun individu et aucune institution n’ont à aménager leur vie ou leur fonctionnement en fonction des obligations que le pratiquant s’impose ou que sa pratique religieuse lui impose. C’est son problème et pas celui de la société. Il est libre de jeûner mais personne n’a à réorganiser le travail ou les activités de loisir en fonction des obsessions intégristes de pratiquants radicalisés. Le pire est qu’il existe des aménagements prévus par la religion, y compris pour le ramadan, en fonction de l’âge, de l’état de santé, de la nature des activités pratiquées. Mais pas pour les islamistes et ceux qui ne voient la religion qu’à travers leur prisme. Ils sont dans une bataille existentielle où il s’agit d’imposer leurs marqueurs dans l’espace public et de faire reculer tout ce qui s’oppose à cette islamisation de l’espace public. Ils sont d’autant plus revendicatifs, qu’ils ne sont même pas conscients d’être instrumentalisés. Ils ont intégré le discours victimaire consistant à se plaindre du fait que l’islam n’est pas accepté alors qu’ils n’ont de cesse de multiplier revendications et provocations dans l’espace public.

Le terrain de foot: un espace neutre menacé

Or le sport est censé être un espace neutre, où seuls comptent les capacités individuelles ou la capacité à se transcender au sein d’une équipe. Un tel idéal est incompréhensible pour un islamiste qui cherche toujours à distinguer le bon grain de l’ivraie, le licite de l’illicite et dont le premier but est de rendre infranchissable les barrières communautaires.

Il en est ainsi du voile, du hallal comme du ramadan. C’est un marqueur séparatiste, utilisé pour imposer l’exhibition d’une religion et contraindre les mœurs civiles à s’effacer devant elle et à lui accorder la priorité. Voilà pourquoi les intégristes et leurs disciples ne veulent surtout accepter aucun aménagement, même permis par leur propre tradition : ces aménagements empêcheraient de créer des tensions dans les sociétés européennes et de pouvoir dérouler un discours victimaire. Cela permet aussi d’installer des symboles qui s’en prennent au contrat social du pays d’accueil, sans avoir besoin d’armer ceux qui les portent de rhétorique maitrisée et d’argumentation soignée. Ainsi, imposer le voile dans l’espace public, c’est cracher sur l’égalité en droit des sexes, donc remettre en cause une des bases de la société sans avoir l’air d’y toucher. Rabaisser l’égalité à raison de la dignité commune des êtres humains au bénéfice de la liberté religieuse, est déjà en soi une victoire symbolique. Le hallal, lui, permet de distinguer le pur et l’impur dans tous les aspects de l’existence. Il concerne la nourriture, mais étend son emprise sur les objets et les liens humains (il y a des mariages hallal, des voyages hallal…). Le but du jeu est de regrouper tout ce qui n’est pas estampillé musulman dans le domaine de l’impur, de l’illicite, du sale. Enfin il y a la grande exhibition victimaire du ramadan, moyen de mettre la pression sur tout musulman en transmettant l’idée que ne pas le faire, c’est être un mauvais musulman, donc traître à sa race et blasphémateur de surcroît. Les trois fronts sont cohérents et force est de reconnaitre que l’offensive religieuse marque d’autant plus de points qu’elle est portée par des idiots utiles et non par des barbus répulsifs.

Ce qui est surprenant, c’est que les islamistes ont décidément bien des amis prêts à épouser leur cause et qui se dévouent pour contribuer à imposer en Europe un islam intégriste et puritain.

La plupart ne le font pas par adhésion idéologique. Ils n’y connaissent rien. Ils sont persuadés d’œuvrer pour la tolérance et le dialogue des cultures alors qu’ils tiennent la porte de l’islam politique.

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Ancienne conseillère régionale PS d'Île de France et cofondatrice, avec Fatiha Boudjahlat, du mouvement citoyen Viv(r)e la République, Céline Pina est essayiste et chroniqueuse. Dernier essai: "Ces biens essentiels" (Bouquins, 2021)

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