Marc-Olivier Fogiel et son mari ont conçu deux filles en ayant recours à une mère porteuse aux Etats-Unis. Partisan de la reconnaissance légale des enfants nés de GPA à l’étranger, le journaliste défend l’aspiration de certains homosexuels à fonder une famille. Et les moyens auxquels ils doivent recourir pour le faire.
Causeur. Avant, l’homosexualité était une sexualité subversive et gratuite qui proclamait à la face du monde et de l’Église : oui, on peut faire l’amour sans autre visée que le plaisir. Aujourd’hui, c’est par les homosexuels que nous revient la norme familiale et l’idée qu’il n’y a pas de vie accomplie sans enfants…
Marc-Olivier Fogiel. Pardon, mais quand l’homosexualité était subversive, comme vous dites, elle était souvent honteuse. Car en fait de sexualité libérée, beaucoup d’homosexuels adoptaient une vie hétérosexuelle malgré eux, parce qu’ils voulaient avoir des enfants et, précisément, être dans la norme. Aujourd’hui, avec les techniques de procréation, ils peuvent avoir des enfants sans se mentir, sans mentir à leur entourage et sans mentir à leurs enfants. Cependant, beaucoup d’homosexuels ne se reconnaissent pas du tout dans cette forme d’accomplissement là. Ma parole n’engage que moi, je ne représente nullement une tendance de l’homosexualité.
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Un peu tout de même, raison pour laquelle c’est un « débat de société ». Et cette tendance contribue à ressusciter une image irénique de la famille. Quand vous posez en une de Paris Match, beaux, heureux, amoureux, vous êtes une véritable pub pour la famille du bonheur…
Je comprends ce que vous dites. Reste que la réalité, c’est qu’il n’y a plus de norme, mais une pluralité de modèles, chez les homosexuels comme chez les hétérosexuels. Des hétéros ont parfaitement le droit de se rebeller contre l’obligation sociale d’avoir des enfants et d’estimer que la famille est une prison dont ils ne veulent pas. Eh bien, certains homos veulent une famille, quand d’autres ne veulent pas en entendre parler. Je ne prétends pas que la famille soit le Graal absolu. Mais il se trouve que ça me correspond, et que jusque-là, j’en étais privé.
Marc-Olivier Fogiel à la Une de Paris Match cette semaine avec son mari et ses deux filles nées par GPA. #Fogiel #PMA #GPA #BonsParents pic.twitter.com/9n0axzUNiM
— Pierre (@Pierrellyon) 10 octobre 2018
Des homos qui ont des enfants « à l’ancienne », c’est-à-dire avec l’autre sexe, il y en a depuis fort longtemps. Vous parlez d’« infertilité sociale », terme qui m’a fait bondir. Ce n’est pas la société qui a décidé que l’homosexualité ne devait pas permettre la reproduction !
D’une certaine manière, si, puisqu’elle pallie une infertilité biologique hétérosexuelle par la FIV (fécondation in vitro) tout en refusant de pallier une infertilité biologique homosexuelle. À partir du moment où la société accepte, par la loi, de prendre en charge la réparation de l’infertilité – infertilité qu’on peut qualifier d’endogène –, elle choisit ou non de le faire pour les homos, mais aussi pour les femmes seules qui, me semble-t-il, ne peuvent pas non plus avoir d’enfants.
Le rôle des politiques (et du législateur) est de sécuriser les enfants nés de GPA
Sauf que ni l’homosexualité ni le célibat ne sont des maladies. Pour les homos, les femmes seules, et même en théorie les hommes seuls, la PMA, la GPA, et toutes les technologies de la procréation assistée qui viendront, resteront les seuls moyens de procréer, c’est en cela qu’ils créent une nouvelle norme. Du reste, la folle invention de « parent 1 » et « parent 2 » revient à en faire la norme pour tous.
On sait aujourd’hui que 20 à 30 % des PMA prescrites pour les couples hétérosexuels n’ont pas de pathologie d’infertilité avérée. Le médecin fatigue de revoir un couple qui n’y arrive
