(Avec AFP) – Jean-Marie Le Pen a aujourd’hui appelé ses partisans à « se rallier » à la candidature de sa petite-fille Marion Maréchal-Le Pen pour les élections régionales en Provence-Alpes-Côte-d’Azur. Le tout dans une déclaration on ne peut clair, sans ironie ni « dérapage » d’aucune sorte : « L’élection régionale de décembre peut et doit donner le signal d’alerte en donnant la majorité à la liste de Marion Maréchal-Le Pen, qui saura réunir derrière elle tous les patriotes et en particulier mes courageux amis, auxquels je demande de se rallier dans l’intérêt supérieur de la région Paca et de la France. »
Le grand-père et sa petite-fille sont partis déjeuner aux côtés de dissidents du Front national que le premier aimerait voir intégrer les listes de la seconde. C’est une première victoire pour Marion Le Pen et sa stratégie d’union des droites méridionales, des Gollnischiens aux Identitaires en passant par certains transfuges de l’UMP comme le président des Jeunes actifs. Faisant du neuf avec du vieux, la déjà chevronnée Marion recycle la stratégie du Club de l’Horloge créé dans les années 1980 afin de fédérer toutes les droites, de l’UDF au FN. Jusqu’ici, seul le maire d’Orange et dirigeant de la Ligue du sud Jacques Bompard résiste à l’irrésistible attraction de la benjamine des élus Le Pen. Bref, on est moins chez les Atrides que dans une famille très politique, façon Bonaparte.
Mais revenons à la tambouille politicienne. Face au ni-droite ni-gauche de Florian Philippot (et accessoirement Marine Le Pen), que leurs détracteurs qualifient de ni-droite ni-droite, le projet d’une grande union des « patriotes » s’affirme comme le cadeau empoisonné de Jean-Marie Le Pen au parti qu’il a fondé. Si Marion Le Pen venait, sinon à remporter la région, du moins à réaliser une grosse performance électorale, tandis que sa tante et son meilleur ennemi Philippot stagnaient dans le Nord et le Nord-Est, les cartes seraient en effet rebattues au sein du FN. Vers la droite.
Inversement, un triomphe de Christian Estrosi en décembre, qui signifierait la déroute de la jeune Marion, s’il s’accompagnait d’un plébiscite nordiste en faveur de Marine Le Pen, validerait la stratégie Philippot, qui en agace beaucoup. Rien n’est encore joué, les deux stratégies ne manquant pas d’arguments, l’aile libérale-identitaire et souvaireno-étatiste du FN n’ont donc pas fini de batailler…
Causeur ne vit que par ses lecteurs, c’est la seule garantie de son indépendance.
Pour nous soutenir, achetez Causeur en kiosque ou abonnez-vous !