Tout fout le camp. Mercredi dernier, Vladimir Poutine publiait une tribune dans le New York Times pour s’opposer à une intervention armée en Syrie. Quelques jours plus tard, en réponse à une pochade du sénateur républicain John Mc Cain, La Pravda annonçait qu’elle allait bientôt ouvrir ses colonnes au rival malheureux d’Obama à l’élection présidentielle de 2008. Un antirusse obsessionnel dans l’ancien journal officiel du socialisme réel : on croit rêver !
Heureusement, une poignée d’irréductibles journalistes résistent encore et toujours au confusionnisme idéologique. Pour ces héros du XXIe siècle, le fascisme n’est pas près de passer dans leur manchette. Que ceux qui s’inquiétaient de l’éviction de Nicolas Demorand se rassurent : Fabrice Rousselot, son successeur à la tête de la rédaction de Libé ne transigera pas avec la Haine. Contrairement aux séides droitisés de TF1, que Rousselot tance dans un édito d’anthologie, le quotidien de la gauche libérale a « toujours refusé d’interviewer Le Pen père et Le Pen fille ». Pourquoi, demanderont les ingénus ?
Tout simplement parce que « Le FN ne sera jamais un parti comme les autres ». Une phrase définitive qui fera office de démonstration pour les sourds-muets. Deuxième service : « On ne peut pas interviewer Marine Le Pen comme on interviewe n’importe quel autre dirigeant politique. » Tautologique, l’explication ? N’ayez crainte, Rousselot nous livre un troisième service : « Le danger serait alors de banaliser une extrême droite qui reste un danger pour la démocratie ». Manquent l’évocation des heures les plus sombres, quelques effluves nauséabondes, une référence bien sentie au vivre-ensemble et les narines de la gauche olfactive seront bien mouchées.
Les mauvaises langues pourront bien jaser, l’ostracisme est un antifascisme. La preuve par l’Histoire. Le Front national est né en 1972, Libération l’année suivante. En quarante ans de cohabitation houleuse, qui peut nier que le second a terrassé le premier ?
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