En août, Paris se dépeuple. Au grand désespoir des parisiens privés de vacances, ses salariés du tertiaire fuient le triste cortège des touristes, SDF, roms et autres éclopés de l’été pour lézarder entre deux pastagas. Au détour d’une flânerie, les grosses poignées de parigots qui profitent de la ville tombent parfois sur des totems interlopes. Non loin du Parc des princes, on trouve par exemple une affiche du Front national – voyez la flamme redessinée selon les canons esthétiques marinistes, tout en ruptures et en continuités – qui cède à l’engouement contemporain pour le vintage.
Car, à y regarder de près, le slogan « Ni droite ni gauche » qui nous en met plein les mirettes a tout du clin d’œil appuyé à l’ouvrage éponyme d’un certain Samuel Maréchal, chef du Front National de la Jeunesse au début des années 1990 et père de l’actuelle députée frontiste du Vaucluse. Cela tombe bien : le FN génération Marine épouse pile poil cette formule idéologique en inversant la vieille antienne de son fondateur, jadis si fier de se dire « économiquement de droite et socialement de gauche ». Mais là où le bât blesse, c’est que l’hommage rendu à Samuel Maréchal ne cadre pas, mais alors pas du tout, avec le credo de sa fille, bien plus fidèle aux positions de Jean-Marie Le Pen qu’à celles du tandem Marine-Philippot. Celle qui se définit comme « une femme de droite », parle ouvertement d’alliances locales avec une UMP méridionale droitisée, et conspue en privé la mutation crypto-chevènementiste du programme économique du FN, doit peu apprécier l’hommage en forme de pied-de-nez.
Cette phraséologie tercériste surprend d’autant plus qu’en ces temps d’après-Manif pour Tous, hors du triangle Canal-Inrocks-Libé, il est de bon ton de se dire de droite, voire de traquer la « droitophobie » à coups de grandes envolées victimaires.
Comme au FN, on lave traditionnellement son linge sale tant en famille que devant les caméras, la thèse du règlement de comptes familial n’est pas si farfelue. Marion contre Marine, Florian contre Marion, Jean-Marie contre Marine, le tout assaisonné des mots de Samuel : gageons que les tabloïds se régaleront bientôt des chamailleries de la saga Le Pen troisième génération en oubliant leur nez pincé !
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