Scott et Zelda Fitzgerald ont brûlé la chandelle par les deux bouts. La publication de leur correspondance inédite nous plonge dans l’intimité du couple mythique des Années folles.
Ils ont tout. La grâce, la beauté, le talent. Ils sont à eux deux les représentants de la Lost Generation et de l’Ère du jazz. Scott et Zelda Fitzgerald. Leur seul nom fait surgir des images « de taxis au crépuscule, de halls d’hôtels étincelants et de bars clandestins enfumés, de garçonnes, de phaétons jaunes et de costumes blancs[1]. » Leur correspondance inédite, portant sur plus de vingt ans, est l’occasion de rentrer dans l’intimité de ce couple mythique. Ils se rencontrent en 1918 à Montgomery, Alabama, lors d’un bal organisé au Country Club. Zelda vient tout juste d’avoir 18 ans. Scott en a 22, il est alors lieutenant dans l’infanterie. Le jour de son anniversaire, il note dans un carnet :« Année de première importance : Travail et Zelda. » Les deux jeunes gens ont en commun l’amour de la littérature et celui de la fête. Du champagne et des mots. Si Zelda ne songe pas alors à être publiée, Scott est résolu à devenir « l’un des plus grands écrivains qui aient jamais vécu ». Son premier roman, Loin du paradis, le propulse du jour au lendemain au rang de célébrité. Tout le monde se dispute ce couple glamour qui fait la une des journaux.
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Très vite, ils deviennent des icônes des Années Folles. Très vite aussi, les choses se gâtent. Scott boit plus que de raison et Zelda révèle un tempérament instable. En 1930, elle est admise pour la première fois en clinique psychiatrique. Dès lors, sa vie ne sera plus qu’une longue série d’hospitalisations. Les lettres qu’elle écrit depuis les différents établissements où elle est internée comptent parmi les plus bouleversantes. Elle y supplie celui qu’elle surnomme Do-Do de venir la chercher. « C’est affreux de perdre la tête et de ne pas être capable d’y voir clair, au sens littéral aussi bien que figuré, et de savoir qu’on n’arrive pas à penser et que rien ne fonctionne. » Malgré ses problèmes financiers, Scott fait en sorte que Zelda bénéficie toujours des meilleurs traitements. Pendant les périodes de rémission, elle trouve la force de travailler à un roman, Accordez-moi cette valse, qu’elle publie en 1932, sans l’avoir fait lire au préalable à son mari. En 1934, Scott publie son chef-d’œuvre, Tendre est la nuit. Ce dernier ne rencontre pas le succès escompté. À cette époque, l’alcoolisme de l’écrivain est tel qu’il est lui aussi hospitalisé. Le couple n’a d’autre choix que de confier Scottie, sa fille chérie, à un pensionnat. En dépit de ses difficultés, Zelda tente de rester optimiste. « Deux chevaux malades doivent pouvoir tirer une charge plus lourde qu’un seul bien portant », écrit-elle à Scott pour tenter de le réconforter. Elle-même se bat avec ses démons et cette correspondance donne une idée très juste de la maladie avec laquelle elle dut composer toute sa vie. Elle révèle aussi l’intensité des sentiments que Scott et Zelda n’ont cessé d’avoir l’un pour l’autre. Le deuxième roman de Fitzgerald a pour titre Heureux et Damnés. On ne saurait mieux résumer leur vie.
À lire
Dear Scott, Dearest Zelda : lettres d’amour 1918-1940 (trad. Véronique Béghain), Le Rocher, 2024.
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À lire aussi
Stéphane Maltère, Scott et Zelda Fitzgerald, Gallimard, 2019.
[1] Selon Eleanor Lanahan, leur petite-fille, qui signe l’introduction.