À l’ère des réseaux sociaux, le désir d’apparaître pour être quelqu’un a pris le pas sur la pudeur. Quand ce ne sont pas les individus eux-mêmes qui arrachent le rideau protecteur, des malveillants s’en chargent.
Le 16 janvier de cette année, Mila, lycéenne aux cheveux bleutés, apparaît dans une vidéo et se met à converser avec quelques-uns de ses 9 000 abonnés. Un internaute lui fait alors des avances. Elle le rembarre. Le « live » se poursuit. À un autre abonné, elle confie qu’elle est lesbienne. Le soupirant éconduit voit rouge. Il la traite de « sale pute » et l’insulte au nom d’Allah. La discussion dérive alors sur les religions. L’adolescente dit qu’elle les rejette toutes et ajoute qu’elle n’aime pas l’islam, que c’est une religion de haine. Pour bien montrer qu’elle fait fausse route et que l’islam n’est qu’amour, on lui promet les feux de l’enfer. Dans une seconde vidéo postée le jour même, Mila, nullement impressionnée, persiste : « Votre religion, c’est de la merde. Votre Dieu, je lui mets le doigt dans le trou du cul. Merci et au revoir. »
Dans l’univers où chacun peut créer sa propre Stasi, les non-paranoïaques sont des inadaptés sociaux
Le client islam est roi
En réponse à cet adieu retentissant, diffusé partout sur la Toile, elle reçoit un tombereau de menaces et d’injures : « On va te retrouver et t’égorger, sale chienne ! » ; « sale française de merde » ; « t’es morte, on sait où t’habites » ; « si je te croise dans la rue, je vais te faire avaler tes organes ». Mila ne peut pas retourner au lycée : sa sécurité n’est plus garantie. Les autres élèves ont prévenu : si elle y remet les pieds, ils lui feront sa fête. Interrogé sur une radio, le secrétaire général du Conseil français du culte musulman affirme : « Elle l’a cherché, qu’elle assume. »
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Ainsi, la blessure faite à l’islam a déchaîné dans notre vieux pays naguère encore « catho-laïque » un véritable ouragan. Et cet ouragan en impose. Il fait même autorité sur une partie non négligeable de l’establishment politique, médiatique et culturel. Ségolène Royal, qui se prépare pour l’élection présidentielle, réprimande
