Avec le hashtag #pasdevague, une partie de la presse fait semblant de découvrir la condition du corps enseignant dans les territoires perdus de la République. Mais au Monde, on mobilise toujours la sociologie pour maquiller le réel. L’effaçologie est un sport de combat.
Causeur. Cher Alain Finkielkraut, d’abord, permettez-moi de vous saluer au nom de tous les lecteurs de Causeur à qui vous manquez. Et pour une fois, vous ne pouvez plus faire votre ashkénaze pessimiste. Avec le livre de Davet et Lhomme sur l’islamisation de la Seine-Saint-Denis, même Le Monde découvre la lune. Et après le hashtag #pasdevague, personne ne peut nier ce qui se passe à l’école. Bref, aujourd’hui, tout le monde peut dire ce qui vous a valu tant d’invectives.
Alain Finkielkraut. Disons qu’il était temps. Des professeurs font état de leur souffrance sur internet et une partie de la presse découvre ou fait semblant de découvrir une situation dénoncée depuis au moins deux décennies. Je rappelle que Les Territoires perdus de la République, le livre coordonné par Georges Bensoussan, a paru en 2002. Qu’en 2004, était publié le rapport Obin sur « l’école face à l’obscurantisme religieux ». On y lisait par exemple : « Tout laisse à penser que, dans certains quartiers, les élèves sont incités à se méfier de tout ce que les professeurs leur proposent, qui doit d’abord être un objet de suspicion, comme ce qu’ils trouvent à la cantine dans leur assiette ; et qu’ils sont engagés à trier les textes étudiés selon les mêmes catégories religieuses du hallal (autorisé) et du haram (interdit). » Je pourrais aussi citer le livre d’Aymeric Patricot, Autoportrait du professeur en territoire difficile (2011), où il écrit ceci : « Trente enfants qui ne craignent pas l’autorité parce qu’ils ne savent tout simplement pas ce que c’est. Trente enfants dont le plus grand plaisir est la provocation,
