Finkielkraut à l’Académie française, ça se fête!


Finkielkraut à l’Académie française, ça se fête!

Le 10 avril, Alain Finkielkraut a été élu à l’Académie française. Plébiscité par seize voix sur vingt-huit dès le premier tour de scrutin, notre ami désormais immortel pratique le pardon des offenses mais n’oublie pas la campagne de haine dont il fut victime. Dans un texte à la tonalité très personnelle, Alain Finkielkraut répond à sa calomniatrice la plus acharnée, l’académicienne Danielle Sallenave.

Pour Causeur, l’heure n’en est pas moins aux réjouissances : « Habemus Papam ! » s’écrie joyeusement Elisabeth Lévy dans un bel hommage au maître, dont la plupart des détracteurs traquent les prétendues arrière-pensées, à défaut de pouvoir se mesurer avec leur adversaire. Triste ironie du sort qui voit un fils d’immigrés polonais vilipendé par quelques bonnes âmes antifascistes, souligne l’académicien Jean Clair en souhaitant « bienvenue au métèque » ! On ne taxera pas Natacha Polony d’ingrate puisque la journaliste se définit comme une « libre enfant de Finkielkraut » mue par la passion de l’école que lui a transmis notre mécontemporain. Loin des caricatures dressées par ses ennemis et certains de ses amis, Finkielkraut est un intellectuel irréductible à toutes les étiquettes, comme nous le démontre Philippe Raynaud dans sa défense et illustration de la pensée complexe. Un tantinet frondeur, Frédéric Taddeï nous rappelle que l’Académie a toujours été  ouverte à tous les courants politiques et littéraires avant de se féliciter de l’intronisation d’Alain Finkielkraut, qu’il espère bientôt rejoint par Alain Badiou quai Conti !

« L’actualité, c’est vous qui la vivez, c’est nous qui en vivons », selon l’adage du Grolandais Jules-Edouard Moustic. Depuis des semaines, la crise ukrainienne alimente toutes les spéculations. Philippe Raynaud voit clairement la main du Kremlin derrière les agissements des militants ukrainiens pro-russes et met en garde ceux qui, à Paris, seraient tentés de relayer la propagande de Poutine. Autre pomme de discorde entre journalistes, géostratèges et humanitaires, le génocide rwandais s’est fait instrumentaliser par le maître de Kigali, Paul Kagame. Le colonel Hogard, partie prenante de l’Opération Turquoise, comme Rony Brauman réfutent les accusations du président rwandais qu’ils accusent d’avoir provoqué la guerre civile et participé aux massacres entre Hutu et Tutsi. Moins tragique, la bonne santé électorale du maire PS de Lyon en pleine dérouillée socialiste aux municipales a piqué la curiosité de Luc Rosenzweig. Parti à la rencontre du dernier des mohicans du « socialisme municipal », notre camarade haut-savoyard dessine les contours d’un « vallsissme » à échelle réduite. Last but not least, Antoine Menusier s’est rendu au Bourget pour assister au congrès de l’UOIF. En débat la question du genre ! Verdict : le voile des clichés ne résiste pas toujours aux querelles byzantines au sein de cette mouvance proche des Frères musulmans.

Au cœur du numéro de mai, notre dossier « Les jeunes sont-ils vieux ? » s’adresse aux lecteurs de 9 à 99 ans. Quoique, pour les sondeurs, on est aujourd’hui jeune de 18 à 34 ans, baignant dans une éternelle adolescence qui commence avec les études supérieures et finit avec les années de galère professionnelle. Sans noircir le tableau, Elisabeth Lévy le résume d’un trait : « l’avenir, pour un trentenaire d’aujourd’hui, pourrait se résumer à une longue attente : des années à piétiner au seuil du marché du travail, autant à patienter pour que des places se libèrent » dans son article introductif « Moisir à 30 ans ». « Le jeune a en tout cas d’excellentes raisons de se plaindre. Il ne s’en prive pas » mais, en bon individualiste, il s’estime en mesure d’accomplir ses aspirations bourgeoises, i.e. « avoir un boulot, se marier, faire des enfants, acheter un appartement : leurs ambitions auraient fait ricaner les heureux contestataires de Mai «  qui ont fini par réaliser exactement les mêmes » CQFD. Une conclusion confirmée par l’enquête de terrain qu’a réalisée Laurent Cantamessi. En faisant remplir un questionnaire à une centaine de jeunes, notre journaliste tire le portrait de la « génération 11 septembre » née au monde avec les attentats de New York. Ses fétiches s’appellent « argent, apparence, égoïsme et futur » et sa révolution n’est qu’un dîner de gala pour jeunes fans des sixties.

Liquider 68, voilà l’antienne sarkozyste devenu réalité ; la faute à la génération Y, que le professeur des universités Frédéric Rouvillois scrute en amphi. Oubliés le chahut et l’ébullition idéologique des années 1980, dans les facs, « le chaudron de sorcières s’est transformé en une cohorte silencieuse où chacun reste concentré sur son ordinateur – et où celui qui oserait réagir aux propos du professeur serait regardé comme un intrus. ». Les jeunes ont longtemps contesté leurs profs, il s’agit maintenant d’avaler leurs paroles sans moufter. Parmi la France qui se lève tôt, les apprentis garçons bouchers (les vrais, pas ceux du groupe Pigalle…) ont donné une leçon d’application et d’optimisme à notre confrère Antoine Menusier, dont le reportage se déguste comme une entrecôte. Pour filer la métaphore gastronomique, un entremets bien corsé vous a été concocté par Nathalie Krikorian-Duronsoy et Jacques de Guillebon. Notre cher Jacques a rencontré David Masson-Weyl, fondateur du collectif étudiant Marianne et pur produit de la génération Philippot, branche minoritaire des jeunes lepénistes d’après Nathalie. Cette dernière retient de son enquête au sein du FNJ la primauté de la « question identitaire » dans les consciences des jeunes engagés aux côtés de Marine Le Pen, dont ils contestent parfois le lyrisme républico-républicain…

En guise de café (avant de passer à l’addition, si légère…), l’interview rock de Michka Assayas, la critique du dernier roman Milan Kundera, les réflexions de Jean-Michel Delacomptée sur le Montaigne de Pierre Manent et une petite digression de votre serviteur sur les réacs Goux et Tillinac devraient vous mettre l’eau à bouche. En sautant de chronique en chronique, d’un Basile de Koch enamouré du fou chantant Katerine à un Cyril Bennasar tiraillé par ses sentiments contradictoires, à vous de deviner qui de Roland Jaccard, Félix Groin ou Alain Finkielkraut illustre le mieux notre slogan « surtout si vous n’êtes pas d’accord ». Ne soyez pas malade du consensus, lisez Causeur !

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Mai 2014 #13

Article extrait du Magazine Causeur



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