À Meudon, une merveille architecturale, précieuse pour le patrimoine national, est sur le point d’être détruite pour des raisons pécuniaires. Des collectifs se sont formés et des associations se sont mobilisées pour s’opposer à ce dessein…
Le 9 avril, une manifestation a été organisée à Meudon pour défendre les carrières de la ville – classées en 1986 pour intérêt scientifique – ainsi que la colline Rodin. Une dizaine d’associations se sont mobilisées pour préserver ces sites menacés par un comblement alors qu’ils présentent un triple intérêt : géologique, historique et esthétique. Les travaux devraient démarrer en juin.
Si c’est la sécurité publique qui est invoquée pour justifier la destruction de ce monument architectural, cela fait quarante ans que les promoteurs lorgnent sur les terrains municipaux non construits qui surplombent les carrières. La métropole du Grand Paris a déjà lancé un appel à projets pour un ensemble immobilier à venir. La décision de la mairie de combler la moitié des huit kilomètres de galeries représente une perte patrimoniale inestimable.
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C’est au XVIIIe siècle qu’on commence à extraire la craie de ces carrières. Au XIXe, des maîtres carriers construisent des galeries souterraines impressionnantes, dont la hauteur varie entre trois et dix mètres et dont les voûtes prennent des formes variées. Ces crayères produisent le célèbre pigment « Meudon blanc ». Cette exploitation prend fin en 1925, mais les carrières servent de champignonnières jusque dans les années 1970. Pendant la guerre de 1940, les Allemands y font d’importants aménagements. Les sites abritent aussi des richesses paléontologiques : on y trouve des fossiles de mammifères de l’âge tertiaire, comme une dent de coryphodon, un animal amphibie.
La bataille pour sauver les sites a commencé en février 2019, quand la secrétaire d’État auprès du ministre de la Transition écologique et solidaire, Emmanuelle Wargon, délivre à la commune de Meudon une autorisation spéciale de travaux. Cette autorisation est annulée par le tribunal administratif de Cergy-Pontoise en octobre 2020, mais en juillet 2021 le jugement est à son tour cassé en appel par la cour de Versailles. Drôle de manière de défendre le patrimoine de la France. Un joyau va être comblé, et cela ne nous comble pas.