J’ai suivi le discours de François Fillon au Parc des expositions de la porte de Versailles à Paris – et ceux des « supporters » qui l’ont précédé. Il faut dire que je devais aller en parler chez Audrey Pulvar.
Quelques impressions:
1) Plutôt bon discours venant malheureusement bien tard.
2) Fillon est le seul à avoir un programme structuré.
3) Dans une campagne qui ne repose que sur la com’, avoir un programme est un handicap, qui se note clairement dans les « débats » où les candidats sont condamnés à saucissonner leurs projets en « propositions ». Benoît Hamon, Jean-Luc Mélenchon et Emmanuel Macron l’ont bien compris qui gèrent leur supérette où il y en a pour toutes les plaintes et toutes les protestations. Mélenchon et Macron devraient lancer une boutique Michel et Augustin.
Présidentielles : 20 000 sympathisants derrière François Fillon Porte de Versailles
4) En ce sens François Fillon est vieux jeu. Manuel Castells a parfaitement montré dans Communication et Pouvoir que les politiciens qui jouent la carte de la communication réussissent mais avec un coût: l’incapacité à gouverner. Le premier crétin qui réussit à ce jeu-là, ce fut Chirac pour qui le gouvernement c’était l’intermède entre deux campagnes.
5) Les casseroles de François Fillon ont redoublé son handicap: non seulement il avait un programme (grâce auquel il avait gagné la primaire de droite) mais en plus il ne put pas en parler et en parle trop tard.
6) Sur ces casseroles, je maintiens que François Fillon a été piégé par les vicelards Hollande et Jouyet (oui le cabinet noir, ça existe). J’ajoute qu’il n’est certainement pas le seul dans son cas (des députés faisant du conseil, cumulant et employant femmes, enfants et maîtresses il y en a des palanquées). Les écuries du PS et des écologistes ont autant besoin d’être nettoyées que celles des Républicains. Seule nuance: de même que Fillon faisait preuve d’une incroyable légèreté en allant dénoncer Sarko à ce sinistre personnage qu’est Jouyet, de même il aurait pu se méfier en se doutant qu’il aurait affaire à forte partie.
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7) Fillon est aussi victime de ceux qui le soutiennent: la galerie des orateurs qui l’ont « introduit » faisait frémir. NKM a fait un impayable numéro de cocotte narcissique (j’avais vu des cocottes et des narcissiques mais pas la synthèse des deux), Pécresse est gentillette, Raffarin insortable dans le style paléopaléolithique et de Castries et Baroin des arrogants. Avec ça, si on ajoute la présence dans le public de Ferry et Balladur, on est bien monté.
8) Bref, je pense que Fillon est cuit: pour défendre un programme que j’approuve sur bien des points, il n’est pas assez crédible et sa fine équipe de bras cassés ne vaut pas tripette. Ce qui ne veut pas dire que celle de Macron vaille mieux bien au contraire.
9) Quant à Mélenchon, c’est une sorte de Tsipras sexagénaire.
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