La question « Cui bono ? » (tournure en double datif que le concept de prédicat ne permet pas de comprendre, note au CSP) est traditionnellement attribuée à Cicéron, qui la prononça jadis dans sa plaidoirie en faveur de Roscius d’Améria, un pauvre bougre accusé à tort de parricide et risquant par conséquent un châtiment immonde (on enfermait le coupable dans un sac avec divers animaux, dont un serpent, et on jetait ce sac dans le Tibre).
« A qui profite le crime ? »
La victoire de Cicéron, totalement inespérée étant donné que les accusateurs étaient soutenus par un proche du dictateur Sylla, consacra la renommée de celui qui n’était encore qu’un jeune avocat. Mais si ce bon Cicéron lui-même attribue la paternité de cette interrogation à un autre que lui (« Lucius Cassius avait l’habitude de demander : à qui profite le crime ? »), du moins sait-il l’employer à bon escient.
On demande « à qui profite le crime ? » quand on entend démontrer que le coupable ne peut être que celui qui a tiré avantage du forfait. Dans le cas de Roscius, le malheureux avait été exproprié de tous ses biens à la suite d’une machination ourdie par les accusateurs, lesquels espéraient, s’ils gagnaient leur procès, empêcher que le fils pût jamais réclamer les terres immenses de son père.
On a vu ressurgir sur toutes les lèvres et dans maints gros titres la question cicéronienne.
Mais le crime ainsi désigné, quel est-il, en l’occurrence ? Ce n’est pas le véritable délit, dont la responsabilité n’est pas mise en doute : si détournement de fonds publics il y a, à qui a-t-il profité ? A la…
Lisez la suite de l’article sur le blog d’Ingrid Riocreux.
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