François Fillon nous disent-ils serait, un délateur et un menteur qui essaie de se débarrasser de ses concurrents politiques par justice interposée et qui pris la main dans le sac se réfugierait dans le mensonge.
Mais comment ça ? Un candidat à la primaire de la droite, pourtant pieusement oint par « sens commun » le courant catholique de l’UMP, (oui parce qu’il y a des courants confessionnels à l’UMP !) serait capable de commettre de tels péchés ? Certes, l’État de droit en France présente cette caractéristique particulière que quand il s’agit de Nicolas Sarkozy il est possible de faire n’importe quoi, mais ce comportement de la part d’un ami politique n’est quand même pas très reluisant. Essayons de reconstituer l’histoire.
Les coulisses du Sarkothon
À la suite de l’invalidation des comptes de campagne de Nicolas Sarkozy en 2012, l’UMP avait lancé le fameux Sarkothon pour pouvoir rembourser les banques des 11 millions d’euros empruntés pour la campagne. Comme le veut la règle, à partir du moment où les comptes sont rejetés, l’État ne rembourse pas les dépenses. Les banques rentrées dans leur fonds, il restait un reliquat et la direction de l’UMP proposa également le règlement de l’amende mise à la charge du candidat dans cette procédure. Consultée l’administration fiscale saisit sa direction juridique qui rendit un avis favorable et accepta le paiement. François Fillon fit alors réaliser par un avocat une consultation qui disait le contraire de celle du conseil habituel du parti et selon laquelle faire régler l’amende par l’UMP n’était pas possible. Alerté, les commissaires aux comptes du parti ouvrirent le parapluie et firent ce que l’on appelle un signalement au parquet. François Fillon se précipita alors chez Jean-Pierre Jouyet secrétaire général de l’Élysée et ami de François Hollande pour le prévenir et lui demander de veiller à la célérité des procédures pénales qu’il fallait engager. La rumeur prétend même qu’il aurait remis à cette occasion la consultation juridique hasardeuse. Plic & Ploc spécialement chargés dans le quotidien de référence de la chasse au Sarkozy racontèrent cette histoire qu’ils tenaient de Jean-Pierre Jouyet lui-même. Celui-ci confirma, et François Fillon jura alors ses grands dieux qu’il s’agissait d’un mensonge et d’une manipulation. Pour faire bon poids, il intenta une procédure contre les deux compères pour se faire ratatiner deux fois.
Un parquet (trop) gourmand
Pendant ce temps-là, le parquet financier s’emparait de l’affaire avec gourmandise, on nomma le juge d’instruction habituel, et le feuilleton va se dérouler selon les standards habituels. Après garde à vue et perquisitions diverses, Nicolas Sarkozy, quelques cadres de l’UMP et un avocat furent mis en examen, la routine quoi. Et en parallèle, Plic & Ploc à l’aide de publications tronquées d’éléments de la procédure continuèrent à abreuver leurs lecteurs goulus des incontestables, ignobles et habituelles turpitudes Sarkoziennes. Devant l’évidence juridique il fallut cependant mettre fin à cette pantalonnade et prononcer un non-lieu général. Caramba encore raté !
Et voilà que le livre publié par Davet et Lhomme nous apprend que comme Jouyet, le Président de la République en exercice confirme la dénonciation calomnieuse de celui qui n’hésite pourtant pas à invoquer les mânes de Charles De Gaulle, contre son ancien patron.
Écoutons François Hollande : « François Fillon a dit à Jouyet : Mais comment ça se fait que vous ne poussiez pas la justice à en faire davantage ? » Et le 29 décembre 2014, le président renchérit : « C’était ça, le message de Fillon, c’était : Si vous ne faites rien, il reviendra. Il faut taper vite ». Mais le Président n’aurait pas accédé à la demande pressante de l’ex-Premier ministre et dans le livre, François Hollande jure qu’il n’est jamais intervenu auprès de la justice. Figure obligée de « moi président » même si on peut le croire. Désormais en effet, ces interventions sont inutiles, avec le parquet financier la machine tourne toute seule.
On trouve d’autres petites perles chez Davet et Lhomme. Ils s’avouent surpris, avec tout le mal qu’ils se sont donnés, qu’en novembre 2015, le Président à propos de la géolocalisation par les juges des téléphones de son prédécesseur, dans l’affaire « Air Cocaïne », leur assène « S’il n’y a rien dans le dossier, c’est choquant, c’est vrai ». Si maintenant Hollande défend Sarkozy, à quoi ça sert que Plic & Ploc, ils se décarcassent ?
Il ajoutera en février 2016, lors de la mise en examen de Sarkozy pour dépassement du plafond des comptes de campagne par le seul Serge Tournaire sur avis contraire de ses deux collègues co-saisis. « Un ancien président de la République qui passe douze heures dans le cabinet d’un juge d’instruction… Pour la deuxième ou troisième fois… C’est quand même éprouvant ». Avant de conclure « C’est hélas le comportement de la justice. » Nul doute que Nicolas Sarkozy sera extrêmement sensible à ces marques de compassion et à cette soudaine lucidité.
En revanche ce n’est pas sûr qu’il apprécie la confirmation des attentions de son « compagnon » de parti qui plutôt que de l’affronter politiquement, a essayé de le faire embastiller.
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