Avec un rien de malveillance et d’ironie, on pourrait présenter le dernier film des frères Dardenne ainsi :
Après une journée de consultations, Jenny Davin (Adèle Haenel), jeune médecin remplaçant dans un cabinet médical des faubourgs de Liège, fait la leçon à l’étudiant stagiaire qui l’assiste. Ce dernier développerait trop d’empathie envers les patients. Et ça, c’est pas bien, explique-t-elle, visage fermé, très « femme phallique », au jeune idéaliste. À ce moment précis, dring-dring, pif-paf-justement… Quelqu’un sonne à la porte du cabinet médical. L’étudiant, décidément bien brave, très scout-toujours, le visage ravagé de douceur contrariée, voudrait bien sûr ouvrir. Jenny, toujours castratrice, refuse – arguant que l’horaire d’ouverture du cabinet est déjà largement dépassé. « C’est peut-être une urgence », plaide le premier avec cette sagacité particulière, éminemment dardennienne, de qui sait aimer son prochain. Eh oui, c’était bien une urgence – forcément. On le saura un peu plus tard : une jeune femme – immigrée, africaine et prostituée… – tentait d’échapper à son agresseur. On la retrouvera morte à quelques mètres de là, le lendemain matin. Comme dans une série télé, le docteur Jenny Davin qui se sent coupable, forcément coupable, mène alors l’enquête. On se doute déjà que l’agresseur est un homme blanc de plus de quarante ans…
C’est certain : on hésite à raconter le film en ces termes. À exprimer son dépit, son ennui et, par moments, son exaspération.
Lisez la suite de l’article sur le blog d’Olivier Prévôt.
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