Sea, coke and sun
L’État juif est une auberge espagnole : on y trouve des citoyens juifs religieux, des Juifs qui sont athées et des citoyens qui ne sont pas juifs. Parmi ces derniers, Fidaa Kiwan est une antisioniste virulente. Ce n’est pas de l’humour juif, c’est de l’idéologie.
Quand elle vivait à Haïfa, où elle possédait un café, cette citoyenne avait refusé de servir un soldat portant l’uniforme de son pays. En France, elle aurait été sanctionnée au titre de l’article L121-11 du Code de la consommation : « Est interdit le fait de refuser à un consommateur la vente d’un produit ou la prestation d’un service, sauf motif légitime [1] ».
En Israël, elle est devenue célèbre.
Malgré BDS [2], le passeport israélien n’est pas boycotté, même aux Émirats arabes unis et même quand sa titulaire n’éprouve qu’aversion pour les autorités qui le lui ont délivré.
Fidaa Kiwan y est donc partie en vacances en mars 2021, à l’invitation d’une sienne connaissance palestinienne, a-t-elle déclaré. En fait d’invitation, il semble que son « ami » Yassin Ibrahim Nagiar l’avait embauchée comme courtière en cocaïne, pour un salaire mensuel équivalant à 14 500€ [3].
Autant dire que dans ces circonstances, la commerçante ne pratiquerait le refus de vente vis-à-vis d’aucun chaland, fût-il un cosmonaute en kippa.
Les droits de l’homme universels ne plaisent pas à tous les dieux
On peut difficilement être plus éloigné de la démocratie israélienne que les Émirats. Outre une application assez littérale de la charia [4], ils s’honorent d’une législation sur le trafic de drogue qui est l’une des plus sévères au monde.
Fidaa sur sa tête avait un pot de cocaïne. Un flic infiltré s’est fait passer pour un client et hop ! Flagrant délit. Adieu, veau, vaches… Cochon c’était déjà fait : le pays est strictement halal.
Israël est un État de droit : il a donc tenté de sortir sa citoyenne des geôles aboudabiennes. Celle-ci s’y est opposée : ses convictions politiques lui interdisaient de devoir quoique ce soit à la racaille sioniste.
La sanction est tombée en mai 2022 : peine capitale. Mourir pour ses idées, d’accord, mais de mort len-en-te… l’idéologue s’est finalement jetée à genoux devant l’État juif pour ne pas mourir debout, égorgée par les soldats d’Allah. Elle a consenti à ce que les Israéliens et leur ministre de la Coopération régionale arabe, Essawi Freij, interviennent auprès du gouvernement émirati pour lui sauver la mise.
Fin juin 2022, la peine de mort de la citoyenne israélienne antisioniste a été commuée en une perpétuité de 25 ans minimum.
On ne sait pas quel rôle la diplomatie a joué dans cette mansuétude, mais on peut imaginer qu’elle a pesé de tout le poids des Accords d’Abraham.
En août, la cour d’appel de Dubaï a statué que tous les recours étaient désormais forclos.
Que croyez-vous qu’il arriva ? C’est Israël que la famille de la trafiquante accusa de n’en avoir pas fait assez pour la sauver [5]. Par apartheid : what else ?
[1] https://www.economie.gouv.fr/dgccrf/Publications/Vie-pratique/Fiches-pratiques/refus-de-vente
[2] « Boycott, Désinvestissement, Sanctions contre Israël » mouvement dont l’objectif est de faire de l’État juif un paria.
[3] https://fr.timesofisrael.com/eau-lisraelienne-condamnee-a-mort-ecope-finalement-dune-peine-de-prison-a-vie/
[4] https://en.wikipedia.org/wiki/Legal_system_of_the_United_Arab_Emirates#
[5] worldisraelnews.com/final-ruling-25-years-in-uae-prison-for-drug-trafficking-israeli-arab/