Trois livres pour la Fête des Pères


Trois livres pour la Fête des Pères

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Le Moyen Âge n’est plus ce temps intermédiaire, cet obscur recalé des cours d’histoire qui portait en lui toutes les misères de la chronologie. Brutalité et saleté au programme scolaire. Que n’a-t-on pas dit et écrit sur ce bâtard, ce mal-aimé des frises du fond des classes? À l’école, on le chargeait déjà de tous les maux pour mieux faire briller nos Lumières. Avant la Révolution, rien de bon ne se profilait à l’horizon des Hussards noirs, on pataugeait dans le néant, l’ère des primates. Et puis, le Moyen Age est sorti de sa torpeur grâce notamment à Michel Zink, professeur au Collège de France et membre de l’Institut. Dans ce recueil de chroniques tirées des émissions de France Inter (été 2014), Zink, dans un style fluide et généreux, nous fait aimer cette période mystérieuse. Car il y a dans cette « jeunesse de notre monde » une apprêté magique, des sentiments, nobles et purs, enfouis derrière une langue aride. « Comme dans les contes, tout paraît à portée de la main et rien ne l’est » écrit-il. De Roland à Ganelon, des chansons de geste aux jongleurs, de la chevalerie à la poésie, ce Moyen Âge désarçonne les cartésiens, brouille les frontières et accule les moqueurs. On y décèle derrière une broussaille d’aubépines, une fontaine de jouvence que le troubadour et le trouvère s’évertuent à chanter. Un monde où la nature se mêle aux désirs des hommes. « Le Moyen Âge, dont l’art ignore longtemps la perspective en a une perception rapprochée. Il la voit tout près, en gros plan. La nature est ce qu’on touche, ce qu’on sent, ce qu’on entend, … ». Une véritable Renaissance.

Bienvenue au Moyen Âge de Michel Zink – Editions des Equateurs / France Inter.

Bienvenue au Moyen Age

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Les Caprices de Marie

François Cérésa n’a pas la plume tremblante, larmoyante et vaine des petits maîtres de l’autofiction. Le Nouveau Roman ne passera pas par lui! Il a la tête dure du bourguignon qui se lance à l’assaut d’une saga en trois tomes. Ce prince de l’argot, sans peur et sans reproche, ose batailler du côté de Dumas et laisse les tracas du quotidien aux seconds couteaux de la littérature. C’est à l’aune de ses modèles qu’on juge un écrivain. Cérésa a du répondant, de l’allonge et un sens inné du rebondissement. Avec lui, on ne s’ennuie pas, on cavale de la convocation des Etats Généraux à la fin de la Terreur. Dans Le Lys blanc , qui s’inspire librement des exploits du général de Tromelin, les héros de Cérésa ont du nerf et du jus. Marie-Antoinette, fille unique du boulanger de Pornic tient la vedette de ce roman de cape et d’épée. Violée par le Comte de La Rose-Pitray, la jeune femme se débat dans les méandres de l’histoire. Elle donne naissance à Maximilien qu’elle abandonne derechef pour se lancer corps et âme dans la frénésie révolutionnaire. Elle croise Danton, Robespierre, Desmoulins, se lie d’amitié avec Olympe de Gouges. Un jour lingère, l’autre « serveur » au Procope, elle devient déesse de la guerre aux côtés des vendéens de Charette. Quand un chevalier blanc surgit et lui vole son fils… Cérésa, en disciple éclairé de Jacques Laurent, ne manque ni de souffle, ni de piquant. Vivement la suite!

Le Lys blanc de François Cérésa – Editions L’Archipel.

Le lys blanc

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Boni, le Magnifique

Superstar au tournant du siècle, Boni de Castellane (1867-1932) menait grand train. Comme le souligne Emmanuel de Waresquiel dans une introduction limpide, Boni avait une surface financière considérable et un mode de vie hors-norme. Il possédait alors trois châteaux, un yacht, une villa à Deauville et à Cannes. Il se faisait même construire un palais à Paris, semblable au Trianon. Charmeur, délicat, féru de politique, amateur d’architecture, d’antiquités et de bijoux, Boni en esthète accompli, dépensait sans compter. Ses plaisirs ne connaissaient aucune limite. Au Bois, à l’Opéra ou à Auteuil, son allure et son portefeuille auraient séduit le plus intransigeant des anachorètes. « L’argent a toujours coulé entre mes doigts » écrit-il dans ses Mémoires en deux parties : Comment j’ai découvert l’Amérique (1867-1906) et L’art d’être pauvre (1906-1924). Il ajoute avec un euphémisme désarmant que son père et sa mère « jouissaient d’une assez jolie fortune ». Cet arrière petit-neveu de Charles-Maurice de Talleyrand n’était pas boiteux pour un sou. Il consuma sa vie jusqu’à se marier en 1895 avec Anna Gould, la plus riche héritière des Etats-Unis. Mariage qui ne dura qu’une dizaine d’années comme ses richesses inimaginables. « J’aurai possédé des demeures magnifiques, bâti des  palais, restauré des châteaux, fait beaucoup de jaloux, cherché à vivre selon la tradition de mes ancêtres ; mais rien n’aura duré pour moi ». Fatalitas! Fatalitas!

Mémoires de Boni de Castellane – Présenté par Emmanuel de Waresquiel – Editions Perrin.

Mémoires: Introduction et note d'Emmanuel de Waresquiel

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*Photo : Pixabay.



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Journaliste et écrivain. À paraître : "Tendre est la province", Éditions Equateurs, 2024

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