Dimanche dernier, le ministre de la Culture à vie Jack Lang a échoué de justesse (49.11%) contre son adversaire UMP dans sa tentative de conquête de la deuxième circonscription des Vosges. Ne lui parlez pas de parachutage ; volontiers barrésien pour l’occasion, Lang extirpa ses racines lorraines de derrière les fagots, histoire de se ménager une chance d’élection après son désaveu par les militants de son précédent fief nordiste.
Plus d’une décennie après sa déroute municipale à Blois, Jack Lang subit une nouvelle fois les foudres du suffrage universel, non sans avoir été honteusement boycotté par les chefs de gouvernement successifs entre temps, trop replets de vulgaires certitudes pour lui offrir le ministère de la Beauté et de l’Intelligence auquel il concourt depuis si longtemps.
Ciblé par la liste des réprouvés de Marine Le Pen, ce héraut de l’antifascisme à paillettes a payé de son siège à l’Assemblée ses engagements courageux et désintéressés, à contre-flots de l’air du temps, qui va à la Réaction. Comme une bête blessée dont le sang coule encore sur les plaies, on l’imagine confier au Monde, des trémolos dans la voix : « J’ai été victime de la fatwa de Mme Le Pen dont j’ai sous-estimé la portée. Je suis tout ce que le FN abhorre, j’incarne l’ouverture au monde, un esprit de liberté, je me suis battu pour la cause des homosexuels. J’ai également été victime d’une campagne de bassesse de la part de mon adversaire UMP. »
Mais comme tout phénix, Jack Lang renaît de ses cendres. Animal mythologique et politique, il a choisi le solstice d’été (21 juin) pour refleurir tous les ans, à l’occasion de la Fête de la Musique dont il a été l’instigateur, le promoteur et l’infatigable animateur. Lorsque vous entendrez quelque barde inspiré reprendre un refrain de Diam’s à l’accordéon sous vos fenêtres, ou lorsque vous guetterez la mélopée subtile du djembé à la croisée d’une rue piétonne, vous penserez à Lui. A n’en pas douter, ce jeudi 21 juin, jusqu’à la tombée de la nuit, Monsieur Jack prend sa revanche. Et ce sera long, très long…
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