Le vrai cinéma, c’est à Cannes et en salles. Netflix, ce sont des téléfilms...
Alors que le 75ème festival de Cannes vient de s’ouvrir, le premier post-pandémie, il est bon de rappeler que la France, et son plus grand festival de cinéma au monde, résistent encore et toujours à l’envahisseur.
Qui ? Je veux parler des plateformes, comme autant de Laudanum, Petibonum, Babaorum et Aquarium nous entourant, nous et notre « exception culturelle française » aux allures de village gaulois.
Netflix, arrête ton cinéma !
Disney+, Netflix, Amazon et autre Apple TV s’intéressent en effet depuis longtemps au cinéma. Oui, mais voilà, nous avons une potion magique, elle s’appelle la chronologie des médias. Arme bien utile puisqu’elle permet à la vie d’un film de s’écouler ainsi : d’abord l’exploitation en salle, puis quatre mois après l’exploitation DVD, six mois après Canal+, entre 15 et 17 mois les fameuses plateformes, et pour finir les chaînes gratuites comme TF1, au bout de 22 mois.
Ainsi, un film ne peut sortir simultanément, contrairement aux États-Unis par exemple, en salles et sur une plateforme ou à la télé. Mais quel rapport avec le Festival de Cannes, me demanderez-vous ? Pourquoi ne peut-on y voir les « films » Netflix ou Amazon? Tout simplement, parce que les productions Netflix ou Amazon… ce ne sont pas des films.
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Oui, je sais, cela va à l’encontre du vocabulaire habituellement employé, mais ce n’est pas parce qu’un mensonge est répété plusieurs fois qu’il est juste pour autant.
Qu’est-ce qu’un film ? Un film, c’est d’abord et avant tout un grand écran, une salle obscure, une lumière qui s’éteint dans une grande salle avec des rangées de sièges, et éventuellement avec du pop-corn ou une glace… Puis, deuxième chance, un film peut encore se rattraper, si on n’a pas eu la chance de le voir dans son habitat naturel, chez soi, en DVD, puis encore à la télé. Et heureusement que la télé existe, permettant à nombre de films patrimoniaux d’ainsi traverser les décennies de génération en génération. Et heureusement que les VHS et DVD ont existé et existent encore pour redonner une seconde chance à des films de genre souvent mal exploités en salles.
Orgueil français
C’est pourquoi un « film » Netflix, par exemple, n’est pas comparable à un film. En aucun cas. On peut y retrouver de superbes œuvres, avec les acteurs et réalisateurs parmi les plus grands de Hollywood ou de France, mais cela ne suffit pas. Au mieux on peut comparer cela à un téléfilm. En effet, un téléfilm sur France 2 ou Canal+, par exemple, n’est pas visible en salles, et uniquement sur la chaîne qui l’exploite. Exactement comme un « film » Netflix n’est visible que si l’on est abonné Netflix, et ne sera jamais visible sur Canal+, TF1, à louer en DVD ou projeté dans un UGC.
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S’il prenait l’envie à l’un de ces géants de sortir un film en salles, alors, il pourrait concourir au Festival de Cannes, mais il lui faudrait alors s’engager à le sortir en salles, et donc, ne pourrait le diffuser avant 15 bons mois sur ses propres réseaux à ses abonnés. Difficilement imaginable… En tout cas, espérons que cela demeure, pour le bien de nos exploitants de salle et toute l’économie du cinéma, créatrice de richesse en France, au fond le seul pays à véritablement pouvoir tenir la dragée haute à son lointain cousin américain.
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