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C’est la femme qui est une louve pour la femme

Le mythe de la solidarité féminine


C’est la femme qui est une louve pour la femme
Susan (Teri Hatcher) et Edie (Nicolette Sheridan) dans la série Desperate Housewives.

Selon la liturgie féministe, des siècles de domination masculine ont opposé le sexe faible au grand méchant patriarcat. Cassons ce mythe victimaire: de l’échelle cellulaire à celle de la société, les femmes se font entre elles une guerre sans merci.


Le fait est là : dans tous les endroits où il a été possible de le mesurer, les franges les plus conservatrices des populations sont majoritairement composées de femmes. Pas mieux qu’une femme pour en emmerder une autre sur son envie de ne pas se marier, d’avorter, de ne pas être excisée, de s’habiller comme elle veut, de ne pas respecter des impératifs moraux et comportementaux d’inspiration religieuse, d’avoir la sexualité qui lui sied et de l’étaler au grand jour si cela lui chante, de proposer des services sexuels contre rémunération et vouloir que cette activité soit encadrée et protégée des mêmes droits dont jouissent les autres travailleurs. Entre autres.

Parce que la compétition féminine a tout intérêt à être plus insidieuse, elle est plus efficace et ses agentes risquent souvent moins gros, pour un gain supérieur, que leurs congénères masculins

Selon la liturgie féministe, le phénomène relèverait d’une emprise patriarcale. Telles des fourmis zombies, les femmes se tireraient dans les pattes à leur tête défendante, possédées qu’elles seraient par la magie noire d’une conjuration d’hommes goguenards devant le spectacle de leur perpétuel crêpage de chignon, les bières et le pop-corn bien calés entre leur manspreading. Toujours victimes, jamais responsables, les femmes ferrailleraient dans la haine d’elles-mêmes parce que c’est tout ce que la « domination masculine » leur aurait laissé comme moyens de subsistance.

A lire aussi: La femme est désormais l’avenir de la femme – Par Jean-Paul Brighelli

Ici, le féminisme contemporain fait écho aux errements des biologistes qui, longtemps, auront considéré les femelles comme des touristes de la vie. Selon Darwin et ses premiers héritiers, l’essentiel de l’action, c’est-à-dire des processus constitutifs de l’évolution des espèces par le biais de la sélection naturelle, était portée par les mâles à bout de gros bras et de compétition souvent sanglante pour l’accès aux femelles – une pensée émue pour les cerfs rouges (Cervus elaphus) qui, à chaque saison de rut, se mettent si violemment sur la gueule qu’environ 30 % des mâles adultes crèvent des suites de leurs blessures et ne passent pas l’hiver. Certes, on s’intéressait à ces dames, mais avant tout pour décrypter ce que l’évolution pouvait leur faire, pas ce qu’elles pouvaient bien faire à l’évolution. Les femelles étaient passives, les œillères épaisses et l’illusion conséquente.

Révolutionnaires à bien d’autres égards, les années 1960 et 1970 l’ont aussi été pour les sciences de l’évolution qui s’engagent alors sur la voie d’un véritable


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Mars 2018 – #55

Article extrait du Magazine Causeur




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Peggy Sastre est une journaliste scientifique, essayiste, traductrice et blogueuse française. Dernière publication, "La Haine orpheline" (Anne Carrière, 2020)

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