Jean-Marc Ayrault l’a répété : le gouvernement présentera bien un projet de réforme constitutionnelle devant le Parlement pour supprimer le mot « race » de la Constitution. Après le mariage et l’adoption pour tous, nous voici donc arrivés dans le dur des promesses de campagne de François Hollande, juste avant le droit de vote des étrangers qu’on nous promet aussi pour cette année, malgré l’improbabilité de réunir 3/5 des députés et sénateurs sur cette réforme.
Petit rappel à l’adresse de ceux qui séchaient leurs cours de droit constitutionnel, l’article 1er de la Constitution affirme que la France « assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion ». Et d’après François Hollande, « il n’y a pas de place pour le mot race en République ». D’où l’urgence à user du symbole en gommant les aspérités du texte constitutionnel. Contrairement à ce qu’indique la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, l’égalité nouvelle ne devra pas transcender ou ignorer les différences mais les nier. Comme de bien entendu, tout opposant à cette transsubstantiation du langage sera immédiatement taxé de raciste ou de suppôt en puissance d’Anders Breivik. Tout l’intérêt d’une réforme aussi absurde n’est-elle d’ailleurs pas de détourner l’attention sur un ennemi imaginaire pendant que le gouvernement décrispe tranquillement le marché du travail et le régime des retraites ?
À ce compte-là, on prédit une mort certaine au mot « sexe » qui a aussi peu à voir avec la politique que la « race ». C’est à se demander ce qu’attend Caroline de Haas, du fin fond de son cabinet ministériel, pour exiger la substitution du « sexe » par l’« identité sexuelle transitoire », expression prisée par Beatriz Preciado.
Dernier détail, la loi sur la parité consacre de fait la distinction homme-femme et s’appuie même sur ce critère sexuel discriminant pour fixer des quotas d’élu-e-s (ou éluEs, selon les deux graphies concurrentes en vigueur à gauche). Or qui dit absence de « sexe » dit absence de parité : les féministes n’auraient alors plus que leurs yeux pour déplorer la virilisation des assemblées. Nos amis progressistes ont déjà dû endurer le drame des lesbiennes homophobes. Les voilà contraints de parler la langue des machos pour cause de dégât collatéral de l’indifférenciation sexuelle. Gnark gnark…
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