L’ami blogueur Max-la-Terreur au détour d’un article m’a appris l’existence du dernier communiqué des fameuses Chiennes de garde. On se souvient qu’il y a quelques années, une crème[1. Alimentaire. Pas une crème de beauté.] avait fait l’objet d’une protestation vigoureuse de la part de la même association, toujours prête à traquer la publicité sexiste. Il me semble qu’on y vantait sur des affiches et dans des spots la possibilité de la battre, de la fouetter et de la passer à la casserole. Les chiennes de garde, Isabelle Alonso en tête, avaient fustigé la pub, laquelle pouvait banaliser la violence conjugale. Cette dernière, nous ne le nions pas, fait des victimes chaque année au point qu’une femme meurt tous les deux jours des coups de son compagnon.
Déjà à l’époque, j’avais trouvé que l’association féministe pouvait avoir un léger problème avec le second degré. On ne voit pas en quoi un homme pourrait être incité par cette publicité à frapper sa compagne. Cette violence conjugale semble davantage provoquée par l’alcoolisme ou les gros connards, et assez souvent les deux à la fois. On m’objectera que les mots « battre » et « fouetter » peuvent tout de même prêter à confusion. Admettons.
Mais pour les spots du Comité interprofessionnel du Cantal, rien ne prête à confusion. Les situations – abandonner Chantal au bord de la route, lui dire non devant monsieur le maire, ou se désolidariser d’elle dans une escalade, parce qu’elle a, à chaque fois, oublié le Cantal – sont volontairement irréalistes. Le second degré, l’humour, c’est marqué dessus, comme pour un autre fromage. Je me souviens d’avoir été agoni d’injures lorsque j’avais commis au mois de janvier dernier un texte, très second degré aussi, sur la fille de Rachida Dati. Et je m’étais aperçu alors combien certaines féministes pouvaient manquer d’humour en certaines occasions. Avec cette histoire de fromage du Cantal, qu’elles appellent d’ailleurs à boycotter, on atteint des sommets assurément plus hauts que ceux du Massif Central.
À quand l’interdiction totale, sous peine de tribunal correctionnel, des blagues sur les blondes[2. Ces histoires, qui viennent du Québec, concernent toutes les femmes. Au pays de Gilles Vigneault, une “blonde”, c’est une femme, quelle que soit sa couleur de cheveux.] ? Peut-on continuer à tolérer des titres de journaux ainsi écrits les lendemains d’élections : « 3e circonscription du Loir-et-Cher : Gisèle Dugenou battue » ? Les publicités pour les sites sado-masochistes ont-elles encore leur place dans les journaux de petites annonces ? Si on n’a plus le droit de plaisanter sur tel ou tel sujet à partir du moment où existent des victimes, si on ne peut plus citer certains mots quel que soit le contexte, on n’a pas fini. J’ai revu récemment Le dîner de cons[3. Au passage, ce film ne respecte guère la parité puisque tous les cons sont des hommes. Très sexiste, ce film.] et je connais des amateurs de boomerangs et de maquettes qui auraient pu, à bon droit, faire interdire le film ou demander des dommages et intérêts pour être ainsi honteusement stigmatisés.
En mesure de rétorsion contre les chiennes de garde qui, je le sais, ne représentent qu’une minorité de femmes non dotées d’humour et de recul, j’incite tous mes lectrices et lecteurs à consommer sans modération ce produit du terroir fort excellent que constitue le fromage du Cantal.
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