J’évoque régulièrement la situation du FC Sochaux, non seulement parce que ce club de foot est cher à mon coeur mais surtout parce que sa situation est en lien direct avec les problématiques de la mondialisation et de l’identité dont il est souvent question ici. En l’occurrence, l’identité d’un club historique du football français, sa vente à une entreprise hongkongaise par un fleuron de l’industrie française constituent une métaphore de ce que vit notre pays depuis deux bonnes dizaines d’années.
Le 17 décembre dernier, je pressentais que Wing-Sang-Li, propriétaire du FC Sochaux ne savait pas encore ce que pouvait signifier une crise avec les supporteurs d’un club de football professionnel. Nous y sommes. À l’heure où j’écris cette brève, une motion de la totalité des associations de supporteurs a été rendue publique. Il est extrêmement rare, dans le monde du football, a fortiori en France, que les associations de supporteurs d’un club fasse cause commune. Elles sont pour la plupart du temps divisées et jalouses de leurs prérogatives. C’est dire l’ampleur de l’inquiétude que suscite la gestion de Ledus. La motion, que nous avons pu consulter, attire l’attention sur deux points. En premier lieu, est exprimé un gros « doute sur l’existence d’un projet économique et sportif ». « Faute d’une vision claire de ce que l’actionnaire souhaite pour le FC Sochaux et son développement, la confiance est impossible », ajoutent les signataires, qui citent l’entretien de M. Li à L’Equipe du 13 janvier dernier où le propriétaire jette le chiffre hallucinant de 100 millions d’euros d’investissement, alors qu’il est incapable d’en mettre immédiatement 2 sur la table pour assurer le maintien du club en Ligue 2. La cellule de recrutement vient même d’être fermée, à la surprise générale. Le second « motif de défiance » concerne « la gouvernance du FCSM ».
Les associations de supporteurs s’inquiètent unanimement du rôle joué par « certains intermédiaires déclarés de la reprise du FCSM par Ledus ». Elles s’interrogent sur « les compétences et les attributions de ces personnes à qui sont confiées des décisions capitales pour la gestion et la structuration du club ».
Les associations de supporteurs concluent, menaçantes : « Nous espérons une réponse rapide de l’actionnaire Ledus pour lever les doutes et les malentendus. Nous serons plus que jamais vigilants et déterminés. Nous envisageons toutes les actions nécessaires si nos inquiétudes ne devaient pas être levées. Le FC Sochaux Montbéliard est notre maison commune. Un club de football n’est rien sans ses supporters. » Alors que la situation sportive du club ne se porte pas mieux que celle de sa gestion, pointée par la motion, Monsieur Li devra apporter d’autres réponses que celles qu’il a données dans son entretien à L’Equipe. Sans quoi, il deviendra le détenteur d’un exploit peu envié : consommer six mois avec la reprise d’un club, le divorce avec ses supporteurs. Un baptême du feu peu enviable.
*Photo : Wikimedia Commons.
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