Enfin, c’est terminé. La police new-yorkaise s’est décidée à intervenir ce 15 novembre au matin pour disperser les jeunes gens du mouvement Occupy Wall Street. Il était plus que temps. Depuis le 17 septembre, ces insolents déconcentraient les traders dans leur tâche d’éradication définitive des souverainetés nationales, ces archaïsmes qui un jour où l’autre finissent toujours par nous emmener sur les routes de la servitude à force de vouloir nous imposer des protections dont nous n’avons que faire : système scolaire public, sécurité sociale, retraites par répartition, j’en passe et des bien pires…
Il faut d’ailleurs saluer l’héroïsme des pandores de la Grosse Pomme. Les petits salauds d’Occupy Wall Street ne s’étaient pas contentés d’installer leur tentes crasseuses un peu partout, ils avaient osé créer une « bibliothèque du peuple » Elle n’avait fait que prospérer et était ouverte à tous 24h/24. Les livres étaient regroupés par centres d’intérêt et entreposés dans des bacs en plastique dont les couvercles pouvaient être rapidement refermés en cas de pluie.
En plus, dans les USA où est encore en vigueur le Patriot Act qui flique électroniquement pour le FBI tous les prêts dans toutes les bibliothèques étasuniennes, cette People’s library tout en disposant d’un catalogue en ligne consultable ici ne demandait pas à ses lecteurs de cartes à puce RFID pour emprunter et faisait ainsi figure de symbole.
Les forces de l’ordre, n’écoutant que leur courage, n’ont pas ouvert les 5554 volumes et les ont aussitôt jetés dans une grande benne à ordures. Penser à vérifier tout de même dans le catalogue en ligne s’il n’y avait pas, par hasard, Fahrenheit 451 de Bradbury.
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