Au cœur des débats ces derniers jours, vient l’obligation vaccinale des soignants. Olivier Véran concède ne pas y être opposé si besoin est. Mais pourquoi prendre tant de pincettes ?
Interrogé sur France Info mardi, le ministre de la Santé Olivier Véran a indiqué qu’il voulait rendre la vaccination des soignants obligatoire. Du moins, si on n’atteint pas un niveau suffisant en septembre. Aujourd’hui, 57 % des personnels des Ehpad et 64 % seulement des personnels hospitaliers sont vaccinés. Des modèles d’altruisme, vous dit-on… Que les personnels au contact des malades et des personnes fragiles soient vaccinés relève pourtant du bon sens.
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Plus largement, il n’y a pas assez de Français vaccinés pour atteindre l’immunité collective. Le gouvernement veut aller chercher les récalcitrants et les oubliés. Des médecins de ville demandent donc la liste de leurs patients non-vaccinés, mais attendent l’autorisation de la CNIL. « Ils l’auront », assure Véran.
Apparemment, l’indépendance des autorités administratives indépendantes peut s’incliner devant l’intérêt général. Tant mieux.
Que penser des choix du gouvernement ? Justement, on peut regretter qu’il ne choisisse pas. Nous sommes dans la politique chèvre-et-chou, qui nécessite de nouvelles usines à gaz (quand on n’est pas fichus d’envoyer des courriers à l’ancienne, on peut s’inquiéter). Ce refus de l’obligation vaccinale des adultes est étrange. Même le Conseil d’État et la Cour européenne des droits de l’Homme estimaient pourtant que la restriction de nos libertés avait été proportionnée : aux oubliettes donc le fantasme sur le biopouvoir et l’intégrité de nos corps ! En revanche, le confinement a lui bien affecté nos corps et nos esprits (en témoigne cette étude qui montre combien la pandémie a affecté les enfants) et a largement piétiné nos libertés fondamentales. Si le vaccin n’est pas obligatoire, il n’y a aucune raison de balancer les noms des récalcitrants aux médecins. Et après, on préviendra l’employeur qu’untel a séché son cours de pilates ?
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Demeure donc un mystère : pourquoi une telle indulgence générale pour les anti-vaccins ? On impose la filiation sans père à toute la société, mais eux, il est interdit de les bousculer ! Le gouvernement les câline, les médias les dorlotent. Il faut respecter leur point de vue. Pourquoi ? Parce qu’ils se soucient exclusivement de leur intérêt supposé ? Parce qu’ils croient lutter contre on ne sait quel système ? Le contrat social suppose certaines contraintes. L’obligation vaccinale serait conforme non seulement à l’intérêt général mais aussi à la volonté majoritaire.
Or, le gouvernement se perd en atermoiements face à une minorité : il veut acheter les jeunes avec des places de ciné et pour les soignants, la culpabilisation morale – « c’est de votre faute si des gens meurent » – et la loi facultative – « allez-y de votre plein gré ou on vous obligera ». Qu’on les y oblige et tout de suite. Si l’autorité ne peut pas convaincre, elle doit pouvoir contraindre.
Cette chronique a initialement été diffusée sur Sud Radio
Retrouvez le regard libre d’Elisabeth Lévy du lundi au vendredi à 8h15 dans la matinale sur Sud Radio.
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