La « fashion week » – ou si vous préférez la semaine de la mode – est supposée nous faire rêver, et déploie tous ses artifices pour faire vibrer Paris, de ponts en podiums improbables…
D’année en année, c’est une surenchère croissante de délires venant concurrencer l’art contemporain dans ce qu’il peut avoir de plus déjanté, et sous l’égide tentatrice de la culture woke.
Pitié pour nous les femmes normales ou « non déconstruites », nous les femmes qui aimons qu’on nous embellisse, qui aimons rêver devant des robes, des tailleurs, des jupes, des pantalons, des tenues magiques pour les Cendrillons que nous sommes ! My fair lady à notre portée, ou encore en Pretty Woman sur Rodeo Drive… Pauvre ringarde que je suis ! on m’offre quelque chose de beaucoup plus intellectuel et je n’y comprends rien ! Une jupe vaporeuse de sorcière en tulle, sur épaisses chaussures de boxe à semelles de rééducation, avec plate-formes de dix cm de haut, ou encore des chapeaux de sorcières terrifiants surplombant des lèvres noires, le tout sur ventres creux dénudés sous de la fausse fourrure orange…
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Mais qui a envie d’adopter ces dégaines à la laideur provocante ? Qui veut-on punir ? Que veut-on prouver ? La tristesse et l’anti-charme sont la règle commune. En un mot, c’est « stylé » est devenu le synonyme de repoussant. On voit défiler chez certains couturiers des bâtons qui semblent être des jambes à indice corporel interdit (mais rassurez-vous il y a aussi des obèses), des mannequins sur lesquelles on accroche parfois des tentes, parfois des housses, parfois des lambeaux de tissus. Dans un univers de cheveux peroxydés ou arc en ciel, appartenant à des transgenres unisexes (nouveauté de la saison printemps-été 2022).
S’agite en coulisse un entourage « d’artistes » hystériques se prenant pour des metteurs en scène, des coiffeurs, des maquilleurs qui semblent prendre plaisir à enlaidir des beautés, et des agitateurs d’ambiance extra-terrestres tatoués… Et on se selfie les uns les autres, y compris à l’extérieur.
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Depuis longtemps, le sourire est évidemment banni des visages sur les podiums. Dans la presse spécialisée ou féminine, pas de sourires affichés non plus. C’est interdit par la branchitude ambiante depuis déjà quelques années. Pourquoi cet univers de beauté a-t-il décidé d’en rajouter encore au désordre de notre monde ? Je me souviens d’Evelyne Prouvost, ma merveilleuse amie femme de presse qui s’était risquée à interroger les rédactrices de mode du groupe Marie-Claire sur le pourquoi de cette désespérance qui se dégageait des photos de mode. Elle s’était entendu répondre que les photographes l’exigeaient, et que les annonceurs étaient très friands de ces visages fermés. Bref, faire la gueule est vendeur. Et puisque nous sommes supposées nous identifier, vous savez ce qu’il vous reste à faire…
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