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Faqueux haineux

Un bon nombre d’universités françaises abritent des groupes d’extrême-gauche défendant le Hamas en toute impunité


Faqueux haineux
Des étudiants de l’université Toulouse-II Jean-Jaurès affichent leur soutien à la « résistance palestinienne », 11 octobre 2023.©D.R

Le ministère de l’Enseignement supérieur demande aux présidents d’université de «ne tolérer aucune manifestation de haine». Quelques sanctions ont été prononcées, histoire de montrer que la directive a été entendue, mais les slogans anti-israéliens et pro-Hamas fleurissent dans les facs de France.


« Nous, associations étudiantes soussignées, tenons le régime politique israélien pour directement responsable de toute violence en cours. » Ces quelques lignes, datées du 7 octobre, débutent un communiqué signé par 33 associations étudiantes de l’université d’Harvard, menées par le « Palestine Solidarity Committee ». Au moment où l’armée israélienne peinait à repousser les troupes terroristes et où de la confusion émergeaient progressivement les détails des atrocités commises, les membres de ces associations influentes s’agitaient pour justifier les actes du Hamas, s’inquiétant du sort des Palestiniens, sans un mot pour les civils israéliens massacrés et pris en otage. Circonstance aggravante : les instances dirigeantes d’Harvard ont initialement fait preuve d’une troublante ambiguïté, n’offrant que des propos lénifiants sur la « compassion » et le « dialogue ». Harvard n’est pas la seule prestigieuse université américaine où de telles voix se sont exprimées : c’est le cas aussi à Columbia ou à Stanford. Au point de déclencher une polémique nationale. L’indécence des propos tenus a suscité l’émoi, provoquant un déferlement d’hostilité en retour ; face aux pressions, les deux tiers des associations signataires d’Harvard ont désavoué le communiqué. Les tensions ne sont pas près de retomber entre les deux camps qui se font désormais face.

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Quand je me regarde je me désole, quand je me compare je me console

On pourrait presque se dire qu’en France, en comparaison, on n’est pas si mal lotis. Presque. Pour une fois, les autorités universitaires semblent décidées à faire preuve de fermeté. Dans la ligne du gouvernement, la ministre de l’Enseignement supérieur a incité le 9 octobre les chefs d’établissement à « ne tolérer aucune manifestation de haine ». France Universités, ex-conférence des présidents d’universités, a déclaré le 11 octobre que « les présidentes et présidents d’université ne laisseront pas prospérer dans leur établissement des initiatives visant, sous couvert de débattre de la situation au Proche-Orient, à faire circuler des propos chargés d’antisémitisme ». Et effectivement, des sanctions ont été prises : un maître de conférences de l’université Panthéon-Assas a été suspendu après des blagues jugées antisémites, des associations ont été signalées à la justice. Le sujet paraît avoir été globalement pris au sérieux.

D.R

Las, de modestes mesures de circonstance n’ont aucune chance de régler le problème, ancien et profond. D’autant que tous les dirigeants d’universités ne sont pas sur la ligne majoritaire. Sans surprise, un bon nombre d’universités françaises abritent des groupes d’extrême-gauche défendant le Hamas en toute impunité, bien au-delà de la tristesse et de l’inquiétude hautement légitimes pour les Gazaouis, assiégés et abondamment bombardés. Paradoxalement, il s’agit de donner un blanc-seing à l’islamisme conquérant, en refusant d’admettre la dimension religieuse du conflit israélo-arabe.

C’est un cas d’école : l’université Toulouse-II Jean-Jaurès, dite du Mirail, incontestablement sur le podium des « facs les plus à gauche de France ». Le 11 octobre, des tags sont retrouvés un peu partout dans le campus : « Vive l’offensive palestinienne ! Vive le Hamas ! Vive Gaza libre ! » ; « Gaza s’étend, la décolonisation a commencé ! »… Ils sont signés de la Ligue de la jeunesse révolutionnaire, un collectif qui estime que « l’Héroïque peuple de Palestine condense la question du Front anti-imperialiste mondial ». Le même jour, une grande banderole est accrochée à un bâtiment : « Le Mirail soutient la résistance palestinienne ! » La Ligue de la jeunesse révolutionnaire ayant posté les photos de ses œuvres, un membre de la Licra a saisi la présidence de l’université et le préfet de la région Occitanie, leur demandant d’agir contre l’apologie du terrorisme.

Pression idéologique écrasante de l’extrême-gauche

Or, la présidence refuse d’abord de condamner, rapporte La Dépêche le 11 octobre : « La direction de l’université ne souhaite alimenter aucune polémique et réaffirme son attachement profond à la paix. » Le lendemain, un deuxième communiqué rectifie le tir : « La direction de l’université Toulouse 2 Jean Jaurès condamne avec force les actes de terrorisme perpétrés contre le peuple israélien. […] Elle maintient une vigilance extrême contre tout agissement relevant de l’antisémitisme, de l’apologie du terrorisme et de l’incitation à la haine. » L’hésitation s’explique aisément par la pression idéologique écrasante de l’extrême-gauche, qui diffuse toutes les « luttes » du gloubi-boulga woke sur le campus. Le 14 mars dernier, l’université a accueilli une conférence du collectif « Palestine vaincra », qui soutient la « résistance palestinienne sous toutes les formes qu’elle juge nécessaire et légitime, y compris armée ».

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Malgré la « vigilance extrême » revendiquée, un rassemblement pro-palestinien, le premier organisé à Toulouse, a été organisé sur le campus le 18 octobre. Révolution permanente, groupe dissident du NPA, s’est réjoui de cet événement où 400 personnes ont crié « Palestine vivra, Palestine vaincra ».

On aurait tout aussi bien pu prendre les exemples de Lyon-II, Poitiers ou Sciences-Po. Partout, ce sont les mêmes mots-clés : les Palestiniens sont victimes de « génocide » de la part d’Israël, pays « colonisateur » ayant institué un « régime d’apartheid ». L’union syndicale Solidaires a publié le 8 octobre un communiqué soutenant « le droit imprescriptible que le peuple palestinien a de se défendre pour se libérer du joug colonial ». On aimerait savoir si ce droit imprescriptible suppose de réaliser l’objectif affiché par le Hamas dans sa charte de 1998, « le jihad contre Israël jusqu’à sa destruction ».

La propagation de ces schémas vétustes issus de l’imaginaire outrancier de l’extrême gauche est certainement le plus grand méfait que puissent accomplir les groupes militants des universités. S’agissant des événements en France, la palme d’or du grotesque morbide revient peut-être à Solidaires 64, qui parlait sur Twitter le 14 octobre de Dominique Bernard comme de l’enseignant « tué au travail »à Arras. L’expression qualifierait correctement un maçon écrasé par une poutre, mais paraît pour le moins déplacée pour un attentat perpétré par un islamiste tchétchène. Espérons que cet aveuglement retentissant ne soit pas en train de s’aggraver dans la jeunesse étudiante.

Novembre 2023 – Causeur #117

Article extrait du Magazine Causeur




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