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Faites l’amour, pas la vaisselle !


Si tu veux que je passe à la casserole, faudrait commencer par les frotter, les casseroles ! Tel est le message que les Françaises adressent, par voie de sondages, à leurs maris, amants et concubins. En effet, à en croire une enquête réalisée par OpinionWay pour le site de rencontre Meetic[1. Enquête OpinionWay réalisée du 31 août au 9 septembre 2011 pour l’Observatoire Meetic et administrée en ligne auprès d’un échantillon de 1030 femmes et 1020 hommes, représentatifs de la population française âgée de 18 ans et plus.], 51% des femmes françaises seraient prêtes à faire la grève du sexe pour imposer à leurs hommes un partage équitable des tâches domestiques.

Et le plus rigolo, c’est que ça pourrait marcher puisque 41 % des hommes jugent cette menace efficace. À noter cependant que, chez les hommes comme chez les femmes, les plus favorables à cette politique d’austérité sexuelle et ménagère sont les célibataires, c’est-à-dire ceux qui n’ont personne à qui refiler le bébé à langer, la poubelle à descendre ou le repas à mitonner. Espérons qu’ils exigeront de leur prochain partenaire de solides références en la matière – une attestation établie au moment de la dernière séparation pourrait faire l’affaire.

Que cette affaire de partage des tâches domestiques soit devenue le grand combat des féministes d’aujourd’hui est tout à la fois consternant et hilarant: un siècle de luttes pour en arriver à la brigade des plumeaux, nos mères peuvent apprécier. Cela dit, ce n’est pas gagné puisque selon le même sondage, seulement 5 % des femmes et 7 % des hommes sont favorables à l’instauration d’un planning – la proportion de ceuzécelles qui souhaitent l’assortir d’une pointeuse n’est pas précisée. L’option « engueulade » recueille également les suffrages de 5 % des femmes mais de seulement 1 % des hommes : la légendaire lâcheté de nos mâles leur ferait-elle oublier que tout empaillage peut être suivi d’une réconciliation sur l’oreiller ? Il est vrai que pour les stratèges d’OpinionWay comme pour les copines d’Osez le féminisme, un lit est un endroit exclusivement destiné au repos des guerriers et guerrières, ou à la limite, un lieu conçu pour que les premiers puissent faire bisquer les secondes en s’y empiffrant de biscuits et de Nutella (la propension masculine à se goinfrer dans des draps propres m’a toujours semblé être la preuve de l’irréductible différence des sexes).

En tout cas, ce sondage dévoile une conception pour le moins vieillotte – et assez tristounette – de la sexualité. Celle-ci ne serait pas un moyen pour les êtres humains de se donner du plaisir ensemble et réciproquement, mais une corvée pour les femmes et une récompense pour les hommes : ce qu’on appelait autrefois le devoir conjugal. Faut-il croire avec Brassens que « quatre-vingt quinze fois sur cent, la femme s’emmerde en baisant » ? Ou proclamer, comme je ne sais plus quelle donzelle au XVIIIème siècle, que « ça ne nous fait pas de mal et ça leur fait tellement plaisir » – d’accord, elle a dû employer un langage plus châtié ?

Il me semble pour ma part qu’ajouter l’abstinence à la vaisselle, c’est un peu la double-peine. Je me permets donc de suggérer à la gent féminine une tout autre stratégie : les filles, faîtes l’amour, pas la vaisselle ! Autrement dit, au lieu de faire la grève du sexe pour que Jules se colle au ménage, faîtes la grève du ménage pour avoir plus de sexe – genre si tu veux ta poule au pot, faudra d’abord me passer sur le corps. Parce que tant qu’à choisir, il est tout de même plus tentant de faire l’amour dans le désordre que de faire abstinence dans une maison briquée.



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Fondatrice et directrice de la rédaction de Causeur. Journaliste, elle est chroniqueuse sur CNews, Sud Radio... Auparavant, Elisabeth Lévy a notamment collaboré à Marianne, au Figaro Magazine, à France Culture et aux émissions de télévision de Franz-Olivier Giesbert (France 2). Elle est l’auteur de plusieurs essais, dont le dernier "Les rien-pensants" (Cerf), est sorti en 2017.

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