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La facture Covid hypothèque notre avenir

En partenariat avec la revue "Conflits"


La facture Covid hypothèque notre avenir
Le ministre Bruno Le Maire lors du défilé du 14 juillet 2021, Paris © STEPHANE LEMOUTON-POOL/SIPA Numéro de reportage : 01028065_000132

Le quoi qu’il en coûte va coûter cher aux finances publiques. Contrainte de s’endetter, la France émiette son indépendance en s’en remettant à ses prêteurs.


Dans notre chronique de janvier-février, nous pointions les dégâts du coronavirus, en référence non point à son impact sanitaire mais celui sur les finances publiques et sur ces centaines de milliers de petits commerçants indépendants menacés de faillite par la suspension forcée de leur activité. Parant au plus pressé, notre gouvernement dépensa sans compter, accentuant à mesure nos énormes déséquilibres budgétaires.

« Quoi qu’il en coûte », dit d’un ton martial le chef de l’État, encouragé en ce sens par la coupable indifférence aux questions économiques d’une opinion dominée par la trouille. La facture s’est depuis concrétisée : 424 milliards d’euros entre 2020 et 2022, somme colossale hypothéquant un avenir déjà fragile.

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L’épidémie de Covid-19 pose, au fond, deux questions fondamentales. Comment se fait-il que les gouvernants aient à ce point sous-évalué les risques épidémiques, la propagation du coronavirus depuis Wuhan à partir de décembre 2019 ne les ayant pas même incités à anticiper les semaines à venir ? Comment se fait-il que l’on ait cédé à « l’hystérie de la survie [1] », en refusant de tenir compte, lors des confinements successifs, des disparités de plus en plus évidentes face à la maladie : début mai, on comptait en France 322 morts de moins de 40 ans ; soit une vingtaine par mois… ? Mais qu’elle ait révélé « en amont » la défaillance de notre gestion publique des risques (qu’illustrèrent le défaut d’anticipation sur les stocks de masques ou le feuilleton des tests) ou, « en aval », l’obsession de l’homme moderne pour la simple existence biologique (la « vie nue »), la Covid-19 risque de faire payer un très lourd tribut aux jeunes générations. L’analyse des coûts de la Covid commande, de fait, d’intégrer une dimension intergénérationnelle.

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C’est vrai sur le plan économique, tout d’abord. On connaît la définition que donnait de l’État, au XIXe siècle, le grand économiste français, Frédéric Bastiat : « L’État, c’est la grande fiction à travers laquelle tout le monde s’efforce de vivre aux dépens de tout le monde. » De même pourrions-nous dire aujourd’hui : La dette publique…

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[1] B.-Ch. Han, « La révolution virale n’aura pas lieu », Libération, 5 avril 2020.



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Doctorant en droit fiscal. Chargé d’enseignement à Paris I Panthéon-Sorbonne. Il travaille sur la fiscalité et les politiques fiscales en France et en Europe.

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