Les internautes utilisent de moins en moins Facebook pour s’informer.
Similarweb, une société qui mesure le trafic mondial des sites internet, publie une étude chiffrée sur la diffusion de l’information à travers les réseaux sociaux. D’où il ressort que le partage en ligne des articles de presse a nettement régressé depuis trois ans. Alors qu’en 2020, un internaute passait en moyenne près de deux heures par mois à regarder des posts Facebook rédigés par des journalistes, il n’a consacré en août 2023 que vingt minutes de son temps à ce type de lecture. Les experts donnent plusieurs explications à une telle dégringolade. Il y a bien sûr la défiance grandissante de nos contemporains envers les médias, et la quasi-disparition du Covid, laquelle a rendu les organes de presse « autorisés » moins nécessaires à la vie quotidienne. Mais c’est aussi une série de décisions prises au sein même de Facebook qui a accéléré le phénomène.
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Suite à l’émeute au Capitole, les dirigeants de la plateforme ont promis de cesser de mettre en avant les posts à caractère politique. Puis, voyant le chinois TikTok leur tailler des croupières grâce à des contenus plus divertissants voire débilisants, ils ont encore davantage rogné la part des contenus sérieux promus par leur algorithme. Enfin, ils ont entamé un bras de fer avec les éditeurs de presse, de plus en plus nombreux à leur demander une rémunération. Au Canada, l’affaire est allée très loin puisque la loi oblige désormais Facebook à payer les médias. Résultat, les liens vers les articles d’information sont purement et simplement bloqués depuis début août au pays de la feuille d’érable.
Faut-il se réjouir que Facebook devienne à terme un simple lieu de commerce, d’amusement, de commérages et de charlatanerie, comme les places de village autrefois ? On se rassurera en remarquant qu’en parallèle, les sites de presse écrite voient leurs audiences directes se redresser. Avec une prime aux titres les plus installés. Par exemple, le Times de Londres a vu ces trois dernières années la courbe de ses abonnés numériques payants s’envoler de plus de 50 %, tout comme Le Figaro à Paris ou le Corriere della Serra à Milan. L’air de rien, la parenthèse de l’information gratuite et de qualité est peut-être en train de se refermer.