Ces derniers jours, Facebook a refusé à Causeur deux contenus « sponsorisés » sans la moindre explication. Les publications concernées parlaient de Zemmour et de l’islamisme.
Quand Causeur veut partager ce qu’il a de meilleur, il fait comme tout le monde : la promo de ses articles sur Facebook. Ses « followers » sont alors informés qu’un nouveau texte vient d’être publié et sont libres de le « liker », de le partager ou mieux, de le consulter.
Si la publication qui fait sa promotion a du succès, elle peut même atterrir sur le fil d’actualité de personnes qui ne connaissent pas Causeur. Celui de votre père, de votre mère, de vos frères et de vos sœurs.
Mais quand votre journal veut l’aider à passer ces frontières, élargir son horizon et conquérir de nouveaux lecteurs, Facebook lui recommande de « booster sa publication ». Il lui est alors proposé, moyennant finances, de choisir un objectif (visites ou partages), de cibler un public (par exemple, « France : Île de France, 18-65 + ») et une durée pendant laquelle son « contenu sponsorisé » sera mis en lumière.
« Jugé dangereux, tel que déterminé par Facebook à sa seule discrétion »
Jusque-là, rien d’étonnant : en bon publicitaire des familles, Facebook monnaye l’exposition qu’il rend possible. Un réseau social comme un autre, qui veut « donner à tous le pouvoir de bâtir des communautés et rapprocher les gens » (sic).
Ce que vous ne savez peut-être pas, c’est que cette coûteuse exposition doit répondre à certaines conditions. Et elles sont toujours plus strictes… car toujours plus floues.
A lire aussi: Réseaux sociaux, la nouvelle servitude volontaire
S’il est bien sûr interdit de « discriminer des personnes sur la base de caractéristiques personnelles, telles que la race, l’appartenance ethnique, la couleur, la nationalité, la religion, le sexe », etc., les publications ne doivent pas non plus promouvoir la vente ou la consommation de « compléments jugés dangereux, tels que déterminé par Facebook à sa seule discrétion ». Facebook prend alors l’exemple de toutes sortes de stéroïdes et produits anabolisants, mais précise bien que ce n’est qu’un « exemple ».
Plus loin, la « règle publicitaire » numéro 11 (sur 29) repousse les limites de l’incertain et de la subjectivité : « Les publicités ne doivent pas comprendre de contenu choquant, irrespectueux ou excessivement violent. » Par exemple, des « images pouvant choquer ou effrayer les personnes qui les voient ».
Algorithme, algorithme, est-ce que j’ai une gueule d’algorithme, moi?
On savait Facebook prude et puritain depuis le blocage du compte d’un utilisateur qui avait osé exposer « L’Origine du monde » de Courbet en photo de profil. Mais pour avoir plus de précisions, il faut s’intéresser aux contenus que Causeur a voulu « sponsoriser » ces jours-ci. En l’espace d’une semaine, deux publicités lui ont été refusées.
La première concerne le papier d’Elisabeth Lévy sur la censure d’Eric Zemmour. Au-dessus d’une photo du journaliste sur fond noir, sans autre nudité que celle de son visage, était inscrit le texte suivant : « Elisabeth Lévy: ‘Oui, la merveilleuse parole libérée dit parfois de grosses conneries. Mais le droit de dire des conneries – et d’en dessiner – est précieux et même sacré’. » Hypothèse : le mot « conneries » a choqué le modérateur et/ou l’algorithme du réseau. On grimace, et on se dit qu’on choisira « bêtise » la prochaine fois.
Mais la seconde sème le doute. En surplomb d’une photo – toujours très digne – du rapporteur de l’Institut Montaigne, Hakim El Karoui, un passage de l’article est cité : « Les auteurs [ndlr : du rapport] affirment que ‘les musulmans sensibles aux thèses islamistes constituent aujourd’hui une minorité en France’. C’est hélas faux. » Et là, on se demande s’il est possible de s’exprimer librement (et respectueusement) sur Facebook. Si à la place de « c’est hélas faux », Causeur avait écrit « c’est bien sûr vrai », la publication aurait-elle pu être « boostée » ?
Ce n’est pas la première fois que des contenus de Causeur ne sont pas « approuvés ». Certains ont même été « dépubliés » par le réseau. C’était pour un bout de sein ou une fille en demi-maillot de bain. Cette fois, la censure semble prendre un tour plus politique. Mais à Causeur, on a mauvais esprit, et on se gardera bien de l’affirmer: Facebook traque le « contenu faux ou trompeur » (règle 13) et risquerait de nous épingler.
On vous laisse donc choisir le motif approprié pour refuser cette publication qui ne semble pas l’avoir été par un algorithme :
– Règle 24 : « Contenu de qualité médiocre ou perturbant »
– Règle 14 : « Contenu controversé »
Causeur ne vit que par ses lecteurs, c’est la seule garantie de son indépendance.
Pour nous soutenir, achetez Causeur en kiosque ou abonnez-vous !