Ceux qui pensent que la concorde surgira du dialogue avec l’islam se trompent. Sans s’en rendre compte, ils sont les meilleurs promoteurs de la guerre civile qui menace.
L’une des grandes erreurs de notre époque, c’est de confondre recherche de paix et pacifisme. En fait, la paix est un concept théologique ou philosophique, mais qui n’existe pas sur terre, où n’existe que la coexistence pacifique. Ce terme est beaucoup plus approprié, car il réenracine la notion de paix dans la réalité concrète, celle de l’existence préalable de personnes ou de groupes ayant chacun ses caractéristiques, ses besoins et ses envies propres. Quand on comprend que la paix ne peut être que la coexistence pacifique, on comprend du même coup que pour qu’elle se mette en place, il faut une autre condition préalable, l’équilibre des forces, une notion chère à Charles de Gaulle. En effet, si l’équilibre des forces n’est pas en mesure d’éliminer entièrement la tentation de la domination, on conçoit qu’il peut en limiter l’exercice. Ainsi posée, la « recherche de la paix » peut se comprendre, comme une tentative de créer un équilibre des forces, au service du bien commun. « Si vis pacem, para bellum », c’est la sage devise romaine, et la bonne façon de voir les choses.
L’autre façon, la façon pacifiste, consiste à rechercher un « consensus », ou à vouloir « aider », en toute sincérité, sans tenir compte des forces en présence. Dès que l’on s’engage sur cette voie, on est déjà de plein pied dans le pacifisme. De compromis en compromission, si on n’atteint pas ses objectifs, puisqu’on a exclu d’office, par refus de la considérer, la possibilité d’un conflit, et qu’on ne l’a pas préparé, rapidement, l’impression de se tromper devient prégnante. Mais comme en général, il est difficile de s’avouer ses propres erreurs, cette impression d’échec est refoulée et se transforme en honte. On est alors dans l’esprit « munichois » : on sait qu’on va vers l’échec, vers un conflit de moins en moins évitable, mais on refuse de l’avouer et de se l’avouer. On en augmente alors la probabilité, puisque la contrepartie, tout comme Hitler à Munich, sait qu’elle a en face d’elle un interlocuteur faible, et surtout enfermé dans sa faiblesse, dont elle tirera tout ce qu’elle voudra, et qu’elle écrasera au bout du compte. Si cette recherche pacifique est une belle démarche personnelle et individuelle, elle ne peut en aucun