Ce samedi soir, l’inquiétude grandit. Le gouvernement implore les citoyens de limiter les contacts et de suivre les consignes sanitaires.
À l’heure où vous lisez ces lignes, il y a environ 4500 cas recensés de contaminations au Covid-19 en France. Dans les artères de la capitale, l’insouciante bohème citadine s’est estompée, la légèreté des premiers jours de « grippe chinoise » a laissé place à des visages plus graves, voire franchement inquiets. Dans un supermarché de la rue de Tolbiac, le samedi 14 au matin, les rayons de pâtes sont vides, dévalisés par celles et ceux qui, en prévision de jours sombres, se sont ravitaillés en vivres, comme on se prépare à affronter un long siège. « Si ça doit m’arriver ça m’arrivera », lance un employé de rayon à sa collègue. À la queue d’une pharmacie, des « seniors » fardés de masques. Sur la devanture d’un kiosque à journaux, la une du nouveau hors-série du magazine Détective : « Coronavirus, êtes-vous prêt ? ». Ces jours-ci, notre quotidien ressemble de plus en plus à un drôle de film d’anticipation.
On est bien peu de chose
Soyons honnête, personne ne l’avait anticipé, ce scénario bien réel. Ou alors, ceux qui l’ont fait n’ont pas parlé assez fort – ou encore, nous ne les avons pas entendus, ce qui est pire. Focalisés comme nous le sommes sur la menace que fait peser l’islamisme en France et le risque d’un avenir à la « Soumission », nous en avons presque oublié une évidence pourtant élémentaire : nous sommes finalement fragiles en ce monde, et un microscopique virus, ennemi invisible, peut nous décimer.
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Inutile de paniquer, nous martèle en substance notre gouvernement. C’est évident. Même dans le pire des scénarios envisagés, tel celui énoncé par Tristan Vey dans les colonnes du Figaro le samedi 14 mars, « des millions de personnes infectées, des centaines de milliers de cas graves », la France s’en remettra, ce n’est pas la fin du monde. Il n’en reste pas moins que la pugnacité du petit virus – qui fait des siennes jusqu’à prison de Fresnes – est beaucoup plus impressionnante que ce que notre gouvernement pensait il y a encore deux semaines. Cependant, ne tirons pas trop vite sur l’équipe d’Édouard Philippe et regardons de l’autre côte de l’Atlantique. Le 10 février dernier, avant de fermer ses frontières au Vieux continent et de proposer des tests gratuits pour tous ses citoyens – puisse-t-il inspirer notre président progressiste – le scientifique Donald Trump prédisait sans une once de second degré que le Covid-19 allait disparaître avec la venue des beaux jours en avril…
Roselyne, reviens
Faut-il maintenant fermer nos frontières ? Difficile de savoir. Israël l’a fait et n’avait « que » cent cas de contamination recensés le jeudi 12 mars. Beaucoup moins que chez nous, mais n’oublions pas qu’Israël compte à peine neuf millions d’habitants. Ce samedi 14 mars, les gilets jaunes ont fait reparler d’eux, marquant leur « acte 70 » à travers une manifestation parisienne de 400 personnes, faisant ainsi un gros doigt d’honneur au civisme et au sens des responsabilités. S’ils avaient voulu passer pour des blaireaux (si certains d’entre-eux lisent ces lignes, qu’ils me pardonnent mais je ne vois pas d’autre qualificatif) aux yeux de leurs concitoyens, ils ne s’y seraient pas pris autrement.
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La Chine a réussi à réduire de façon significative son nombre de contaminations quotidiennes au prix de mesures d’isolement, de citoyens masqués et agents en combinaisons dignes d’un film de science-fiction, de gants en plastique et films plastifiés à tout va jusqu’aux interphones des habitants de Wuhan. De telles mesures pourraient-elles être prises et suivies en France ? Au vu de la mentalité antipatriotique voire nihiliste qui prévaut chez une part de nos concitoyens – tels ces 400 Gilets Jaunes – on peut en douter. C’est pourtant sans doute à ce prix que la France peut éviter de ressembler dans quelques jours au chaos italien.
En attendant, goûtons au plaisir d’aller vers l’inconnu de jour en jour, lavons-nous les mains au gel antibactérien comme nous l’a encore dit notre président jeudi soir – pour ma part, face à la pénurie, j’y ai renoncé et me délecte de savon de Marseille heure après heure – cultivons notre jardin et surtout, allons voter pour ceux qui feront passer notre santé avant des objectifs de rentabilité. Roselyne Bachelot en son temps avait pris les devants, elle. Son intransigeance avec les principes de précaution vient à manquer.
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