Accueil Société Extinction Rebellion: vous avez dit « non-violence »?

Extinction Rebellion: vous avez dit « non-violence »?

Vu le contexte... on ne peut rien faire


Extinction Rebellion: vous avez dit « non-violence »?
Action du collectif Extinction Rebellion en août 2019 à Paris © Tristan Reynaud/SIPA Numéro de reportage: 00921528_000003

« Vu le contexte, on ne peut rien faire… » répètent à qui mieux mieux les autorités devant les débordements d’activistes écolos ou de fans de musique techno


L’écologie, et particulièrement tout ce qui touche à l’évolution du climat, voilà un nouveau totem (mais aussi un tabou) qui va rendre de plus en plus difficile la discussion et la réflexion. Désormais cette problématique a rejoint les thèmes sacralisés par le politiquement correct. De même qu’il est, depuis longtemps, extrêmement difficile d’évoquer sereinement l’existence de difficultés liées à l’immigration, il va devenir aujourd’hui très compliqué de mettre en question tout ce qui de près ou de loin touche au climat.

Extinction Rebellion dit prôner la non-violence

Le logo du mouvement extinction rebellion comprend deux symbole: le rond pour la planète Terre, et les triangles figurant un sablier et le temps qu'il reste.
Le logo du mouvement extinction rebellion comprend deux symboles: le rond pour la planète Terre, et les triangles figurant un sablier et le temps qu’il reste.

On comprend pourquoi les manifestations du mouvement Extinction Rebellion se voient peu réprimées, voire soutenues par des officiels comme la Maire de Paris. Qui milite sous la bannière climatique doit forcément attirer la sympathie, l’indulgence et la compréhension des autorités. Il est en effet assez compliqué pour un politique de prendre une position trop ferme contre un mouvement qui affirme vouloir s’opposer de façon non-violente à la fin du monde.

Ce choix de la non-violence apparente peut sembler astucieux dans la mesure où il peut ôter des prétextes à l’intervention policière. Mais, ironiquement, cette non répression semble désemparer les petits groupes de militants fort marris d’intéresser aussi peu les forces de l’ordre, avec tout le bénéfice médiatique que procure une intervention musclée (comme ce fut le cas au Pont de Sully).

A lire aussi: Pont de Sully: ces écolos me font froid dans le dos

Petite parenthèse: je dis non-violence « apparente » parce qu’évidemment bloquer la circulation, générer des retards dans la vie de ses concitoyens, c’est très violent. Et les conséquences peuvent être parfois dramatiques (un rendez-vous médical pris des mois à l’avance et qui sera manqué par exemple). Mais évidemment les bloqueurs n’ont pas ce genre de scrupules, ou d’imagination. Je parlerai donc plutôt de « violence passive ».

En France, les pouvoirs publics régulièrement débordés

Pour un mouvement comme celui-ci, rester dans la violence passive risque de conduire rapidement à une impasse. A moins qu’il ne mobilise un très grand nombre de personnes. Et dans ce cas les risques de perte de contrôle et de violence active augmentent. L’équation est donc compliquée, pour les activistes comme pour les pouvoirs publics.

Relire notre numéro spécial: Causeur : Contre la religion du climat

Aujourd’hui, dans bien des domaines, la gestion des mouvements « populaires » s’avère de plus en plus difficile. Dernier exemple en date le Teknival organisé sans autorisation ce week-end près de Nantes « en hommage à Steve ». Des milliers de personnes se rassemblent dans une prairie sans demander l’avis de qui que ce soit ni se soucier des nuisances sonores occasionnées aux riverains par plus de 60 sound systems. Les autorités se sont montrées en la circonstance totalement impuissantes. Avec pour seul conseil donné par le maire de cette commune à ses administrés un tweet consterné, mais aussi consternant : « Le teknival va durer jusqu’à dimanche et nous recommandons l’usage de bouchons d’oreille pour la nuit, une évacuation étant à exclure vu le contexte. La mairie regrette la gêne sonore occasionnée ».

N’est-ce pas sidérant, même si effectivement il n’y avait peut-être rien d’autre à faire ? « Braves gens 10 000 personnes vont venir vous agresser les tympans, mais rassurez-vous nous avons la solution : mettez-vous des bouchons d’oreille… ».

Quant à l’expression « vu le contexte » nous l’entendrons sans doute de plus en plus souvent…

A lire aussi: Climat: les missionnaires de l’Apocalypse



Vous venez de lire un article en accès libre.
Causeur ne vit que par ses lecteurs, c’est la seule garantie de son indépendance.
Pour nous soutenir, achetez Causeur en kiosque ou abonnez-vous !

Article précédent Pourquoi il faut soutenir le soldat Blanquer
Article suivant Alain Finkielkraut s’essaie au « je »
Réalisateur de films d'entreprises et institutionnels. Organisateur de spectacles.

RÉAGISSEZ À CET ARTICLE

Pour laisser un commentaire sur un article, nous vous invitons à créer un compte Disqus ci-dessous (bouton S'identifier) ou à vous connecter avec votre compte existant.
Une tenue correcte est exigée. Soyez courtois et évitez le hors sujet.
Notre charte de modération