La fermeture du fabuleux boui-boui géorgien, « Chez Magda » laisse sa propriétaire, réfugiée politique depuis 2013, à la rue. Un exemple du « social » à géométrie variable de la mairie de Paris, qui préfère loger les crackeurs du quartier.
Chez Magda, dont Causeur a fait l’éloge, c’est fini. Le 15 février, la cabane en bois de cette cuisinière géorgienne d’exception a été démontée et détruite par les services de la mairie de Paris, sans que personne ait pris la peine de l’avertir ni de lui proposer une solution alternative. Nous vous parlions en octobre dernier de cette femme extraordinaire qui avait dû fuir la Géorgie en 2009 et avait obtenu un statut de réfugiée politique en France en 2013. Aidée et soutenue par l’association France terre d’asile, cette ancienne dentiste avait alors reconstruit sa vie en faisant découvrir aux Parisiens ébahis la délicieuse cuisine familiale de son pays, pleine d’épices et de saveurs. En 2019, l’Hôtel de Ville lui avait accordé un emplacement au pied de la rotonde construite par Claude Nicolas Ledoux en 1784, face au bassin de la Villette. Depuis, des centaines de clients n’hésitaient pas à traverser Paris pour venir ici, dans le 19e arrondissement (plutôt réputé malfamé !) afin de déguster sur place, dans une ambiance un peu bohème, les plats voluptueux et sensuels de la belle Magda, notamment son khachapuri : une galette moelleuse et légère au fromage absolument sensationnelle. À défaut d’avoir un vrai restaurant, Magda faisait le lien social. Son « boui-boui » était un lieu de joie où elle servait à ses clients des verres de vin géorgien pour les faire patienter. De surcroît, elle respectait la loi et admirait la France – dont elle parle la langue. La voici donc à la rue, sans ressources, pendant que la mairie de Paris n’hésite pas à financer des centres d’accueil réservés aux drogués qui sèment la terreur autour de la gare du Nord. C’est ce qui s’appelle avoir le sens des priorités sociales.
À lire aussi : Le Nord-Est parisien, mal aimé d’Anne Hidalgo