Nul besoin de regarder le ciel pour se rendre compte que c’est la rentrée. Le mois d’août tire à sa fin sous un ciel et gris et froid, les écrans pubs ne vantent plus que cartables, cahiers et baskets à paillettes. Les universités d’été déversent à des militants béats leurs litres d’apéritifs et d’absurdités…
Les « excités par profession » qui promettaient une rentrée sociale en sont pour leurs frais. C’est une rentrée politique qui les aura coiffés au poteau… Et une coquette : avec fanfare, micros, commentaires et tout le barnum.
Le flamboyant Montebourg, sabre au clair, a dégainé le premier. Désireux de se placer sur la ligne de départ, à trois ans de l’échéance fatidique qui obnubile tout le personnel politique, il a une nouvelle fois défié le gouvernement auquel il appartient. Il n’en est pas à son coup d’essai. Cela fait maintenant deux ans qu’il chicane, revendique, conteste et s’oppose au pouvoir dont il a reçu mandat. L’incolore Jean-Marc Ayrault en avait déjà fait les frais en son temps -depuis longtemps oublié-. C’est ainsi qu’il qualifie les politiques de réduction des déficits d’injustes et inefficaces, allant jusqu’à affirmer que »le monde entier nous supplie de faire cesser ces politiques d’austérité absurdes qui continuent d’enfoncer la zone euro dans la récession et bientôt dans la déflation ».
Mais en laissant le trublion troubler encore et toujours en toute impunité, Guignol et Gnafron ont également laissé la partie se corser. Par ses (op)positions répétées, Montebourg -immédiatement suivi de son ami Hamon- s’autoproclame porte-parole de la contestation qui n’a jamais été aussi importante dans les rangs de la majorité.
La majorité ne tenant plus qu’à un fil, donc, il fallait être prudent pour se dégager de cet encombrant personnage. S’en débarrasser ? Oui, il était plus que temps… En faire un martyr ? Surtout pas, nul besoin d’être devin pour imaginer que c’est ce qu’il souhaitait.
Trop c’est trop pour Manuel Gnafron; «quand on lui en fait trop, il correctionne plus »… Guignol et Gnafron ont donc sorti la tavelle pour exprimer leur mécontentement. Mais attention – il y a de la manœuvre politique dans l’air- les coups de bâtons sont collectifs. Ce n’est pas le fauteur de trouble –accompagné de son fidèle Hamon-qui reçoivent la bastonnade, mais tout le gouvernement qui est congédié. Seul Gnafron garde la confiance de Guignol et sera habilité à lui présenter de nouveaux personnages pour son petit théâtre !
Si ce n’est pas désolant quand même ! Un beau gouvernement tout neuf et tout resserré comme l’exigeait le message des urnes, dont toutes les leçons avaient été tirées !
Mais où et comment Gnafron trouvera-t-il de nouvelles marionnettes, alors que le terrain est miné de toute part ? S’adonnera-t-il, une fois encore, à une partie de chaise musicale scandée par les rires des enfants ? Pourra-t-il se contenter de déplacer chaque pion d’une case sans provoquer les hurlements du public ?
Nos deux comiques parviendront-ils, sans l’intervention du gendarme, à remettre tout ce beau monde au travail ?
Vous le saurez lors de la prochaine séance…
*Photo : REVELLI-BEAUMONT/SIPA. 00684136_000020.
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