Jeudi et vendredi derniers, les élèves de troisième de France et de Navarre planchaient sur le Diplôme National du Brevet. Au programme, des mathématiques, du français et de l’histoire-géographie. Le sujet de cette dernière discipline a d’ailleurs retenu notre attention.
Outre une épreuve d’éducation civique consacrée au rôle du président de la République dans la Ve République et une autre consacrée aux repères chronologiques et spatiaux, toutes deux obligatoires, les élèves devaient choisir entre histoire et géographie. En Histoire, c’est la première guerre mondiale qui était au programme avec l’étude de trois documents iconographiques.
Le sujet de géographie s’intitulait sobrement : « La puissance économique et commerciale de l’Union Européenne ». L’élève de quatorze ou quinze ans était ainsi invité à célébrer la formidable UE en répondant à des questions aussi ouvertes que « L’Union Européenne est une grande puissance économique et commerciale. Justifiez cette affirmation », « Dans quel secteur économique, l’union Européenne est-elle performante ? Justifiez votre réponse » et enfin, « Peut-on dire que l’Union Européenne est attractive ? Justifiez votre réponse ». Evidemment, les documents sur lesquels les élèves devaient s’appuyer étaient formidablement bien choisis. On avait un tableau reprenant les parts dans le PIB mondial, la répartition des premières firmes multinationales, la part des exportations dans le monde, la part des importations dans le monde et enfin la part de la production mondiale de véhicules, pour l’UE, la Chine, les Etats-Unis et le Japon en 2010. Un second document était un article du Figaro.fr expliquant qu’Airbus venait de dépasser Boeing. Quant au troisième, il s’agissait d’une carte d’Europe où on pouvait examiner tous les pays qui faisaient ou non partie de l’UE, de la zone euro, et ceux qui étaient candidats à entrer dans la sainte puissance économique et commerciale. Après avoir répondu à ces questions, l’élève était invité à « rédiger un paragraphe argumenté d’une vingtaine de lignes dans lequel [il présenterait] la puissance économique et commerciale de l’Union Européenne ».
Il ne s’agissait donc pas d’un exercice de géographie mais d’une épreuve d’instruction religieuse. Les évangiles selon Jean-Monnet, selon Jacques Delors, Jean Quatremer et Jean-Dominique Giuliani figurent ainsi au programme de nos collégiens. Evidemment, on ne vas pas embêter nos chers petits avec des nuances. Avec un tableau montrant l’évolution des mêmes chiffres sur les vingt dernières années, ils auraient pu donner une toute autre réponse. Pas de document sur les difficultés actuelles de la zone euro, qui aurait par exemple évoqué l’un des dix-neuf sommets de la dernière chance. Pas non plus d’article expliquant que l’avionneur Airbus, pour sauvegarder ses parts de marché, avait dû délocaliser en zone dollar. Trop compliqué pour nos chers élèves ! C’est du caté, on a dit ! Une épreuve où l’on doit réciter que l’UE est belle et que notre papa, qui fait partie des 55 % ayant voté non au TCE, est un con fini. Et que maman, qui a fait la même chose, parité oblige, est une connasse du même acabit.
On me dit dans mon oreillette que, dans leur grande majorité, les élèves auraient préféré le sujet d’histoire, ayant été quelque peu déconcertés par l’épreuve de catéchisme. Ils ont du bon sens, ces gamins.
*Photo : ManuB.
Causeur ne vit que par ses lecteurs, c’est la seule garantie de son indépendance.
Pour nous soutenir, achetez Causeur en kiosque ou abonnez-vous !