(Avec AFP) – Vienne accueille ce soir le 60e concours Eurovision de la chanson, événement ringard aux 200 millions de téléspectateurs. Dans la patrie du gagnant(e) de l’an passé Conchita Wurst, la diva barbue qui incarnait l’alliance du transgenre et du kitsch, vingt-sept candidats se disputeront les suffrages du jury et du public. Cette année, la France représentée par la poussive Lisa Angell, est encore une fois annoncée dans le peloton de queue des votes, et Marie Myriam peut dormir tranquille en fredonnant « L’oiseau et l’enfant ».
Pour cette nouvelle édition, l’originalité sera à chercher du côté du groupe de trisomiques punks finlandais (sic) PKN, qui bénéficiera sans doute d’un effet Téléthon. Mais le public voyeuriste gardera également les yeux tournés vers le vainqueur de l’an passé, le/la désormais célèbre Conchita. Wurst ouvrira ainsi le spectacle, partant de la salle et gagnant la scène suspendue dans l’air par des fils. Il/Elle y sera rejointe par un chœur d’enfants, puis par les présentatrices et tous les candidats.
Le travesti autrichien réapparaîtra ensuite pour poser quelques questions aux candidats à leur descente de scène. Contrairement à de nombreux anciens vainqueurs aussitôt tombés dans l’oubli, Wurst est parvenu à maintenir sa notoriété depuis sa victoire à Copenhague l’an dernier.
Conchita garde ses fans, mais ses détracteurs ne l’ont pas oubliée. Le patriarche de l’Église orthodoxe russe Kirill va jusqu’à espérer une défaite russe à l’Eurovision pour éviter une invasion de « chanteuses à barbe » en Russie l’an prochain. Connaissant le nombre d’Etats est-européens concourant à l’Eurovision, et leur peu d’appétence pour la cause queer, l’adhésion du public lesbien, gay, bi et trans est peut-être la seule chance de succès français…
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