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Européennes: comment nos voisins belges ont-ils voté?

La correspondance bruxelloise de Sophie Flamand


Européennes: comment nos voisins belges ont-ils voté?
Le Premier ministre belge ému Alexander De Croo (du mouvement libéral Open VLD) après sa défaite aux élections, Bruxelles, 9 juin 2024 © Shutterstock/SIPA

Le Premier ministre Alexander De Croo démissionne après les mauvais résultats de son mouvement.


Russie, Etats-Unis, U.E. : la moitié de l’humanité vote en 2024 et la Belgique n’échappe pas au mouvement. Mais non content d’envoyer ses représentants à l’Union européenne, le Belge a également renouvelé dimanche tous ses parlements. Le fédéral, bien sûr mais aussi les trois parlements régionaux et les trois parlements communautaires. Ajoutons à cela le vote « à la proportionnelle » et nous comprendrons aisément pourquoi il est si difficile de dégager une majorité dans ce petit Royaume coincé entre les Hauts-de-France (qui sont en bas) et les Pays-Bas (qui sont en haut).

Flamands et Wallons

Certes, du nord au sud, la gauche boit le bouillon, victime du matraquage fiscal qu’elle impose au citoyen et de sa complaisante négligence face à une immigration de plus en plus incontrôlée et de plus en plus vindicative.
C’est plus vrai encore pour les partis verts qui, de part et d’autre de la frontière linguistique, paient le prix de leur écologie punitive.
Mais il existe cependant toujours un net clivage entre la Flandre et la Wallonie.

En Flandre, c’est la droite qualifiée d’extrême par la RTBF qui caracole en tête, à commencer par la NV-A, talonnée de près par le très nationaliste Vlaams Belang. La droite molle et traditionnelle, l’Open-VLD, à laquelle appartient l’actuel Premier ministre Alexander De Croo, s’effondre, à tel point que les journalistes ont été priés de quitter leur QG de campagne. On ne pleure pas devant les caméras ! L’Open-VLD pourrait cependant, de même que le CD&V (centre gauche flamand, voire flamingant, encore vaguement catho), servir d’appoint pour former une coalition au gouvernement de la Région flamande. Nous noterons au passage que tous les partis cités contiennent la lette « V » dans leur nom. V comme « vlaams » (flamand). Les partis flamands tiennent à ce qu’on sache qu’ils sont flamands, un observateur étourdi pouvant sans doute imaginer qu’ils sont Sri-Lankais.

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En Wallonie, les choses diffèrent. Un « cordon sanitaire » étendu à l’ensemble des médias empêche l’expression ou même la révélation de l’existence de tout ce qui n’est pas politiquement correct, social, environnemental, diversitaire et LGBTtruc. Dès lors, et malgré les efforts d’un Drieu Godefridi tentant d’implanter la NV-A en Wallonie ou du petit parti « Chez nous » se déchaînant sur les réseaux, ce sont les partis traditionnels qui ont raflé la mise. Eux aussi ont renvoyé la gauche, rouge ou verte, à ses chères études, même si le PS demeure le second parti. C’est surtout le MR, parti centriste autrefois libéral et « Les Engagés », centre tournant selon le sens du vent, qui voient leurs résultats fortement augmentés. La Wallonie peut donc, après tant de décennies, se défaire du PS qui la considère comme son fief de droit divin. Le fera-t-elle ?

En Belgique aussi, l’heure des grandes manœuvres politiciennes

Reste à savoir quelles coalitions seront possibles pour créer un gouvernement fédéral. Confits dans la doxa, les Wallons s’effarouchent d’une alliance avec le Vlaams Belang. Car si la Belgique, championne du compromis, est souvent qualifiée de « ventre mou de l’Europe », le Vlaams Belang en est lui « le ventre toujours fécond de la bête immonde », etc. Du moins d’après la presse stipendiée, très écoutée au sud du royaume. Ces dissensions entre les droites flamandes et wallonnes permettront-elles à une gauche, grande perdante, de se hisser au pouvoir, par le jeu des alliances entre perdants ? Revivra-t-on les 541 jours de 2010-2011 où la Belgique, hilare, était restée sans gouvernement ? Ou la droite parviendra-t-elle à dépasser ses clivages internes et à présenter un gouvernement libéral ?



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Romancière et scénariste belge, critique BD et chroniqueuse presse écrite et radio. Dernier roman: Sophonisbe.

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