Le vainqueur de l’Euro 2024 avait l’équipe offrant le jeu le plus séduisant. La France, elle, si elle a réalisé un parcours qui n’est pas honteux durant la compétition, a surtout brillé par… son impuissance à marquer.
L’Espagne, qui a remporté dimanche pour la 4ème fois de son histoire le titre européen – un record dont elle est l’unique détentrice – a confirmé qu’elle était bel et bien « l’invincible sélection » de cet Euro 2004 allemand. Elle s’est imposée magistralement par 2 à 1 à une Angleterre laborieuse qui, convient-il de le reconnaître, a manqué toutefois d’un tout petit peu de réussite dans les dernières minutes. Elle a raté l’égalisation grâce à une tête ibérique qui a coupé miraculeusement, pile-poil sur la ligne de but, la trajectoire du ballon qui allait au fond des filets. La chance n’est pas forcément injuste. Il lui arrive d’accourir à la rescousse à ceux qui la méritent. Ce fut le cas.
C’est qui les plus forts ? Évidemment c’est les Ibères
« La meilleure équipe », a en effet convenu l’entraîneur anglais, Gareth Southgate. « Sa victoire est méritée », a-t-il ajouté. La presse française, qui déjà avait fait l’éloge dithyrambique des hispaniques lorsqu’ils avaient éliminé les Bleus en demi-finale n’a pas été avare en louanges. Des « intouchables », a proclamé péremptoirement L’Equipe ; une victoire qui ne souffre « aucune contestation », a estimé Le Figaro ; la sélection « la plus complète, la plus belle à voir jouer » a surenchéri Le Parisien ; « la plus séduisante » a reconnu Le Monde ; même son de cloche dans la presse régionale.
On ne peut pas en dire autant des Bleus, les vice-champions du monde. Se faire sortir en demi-finale par l’invincible Espagne n’aurait rien eu de déshonorant et frustrant s’il n’y avait pas un si… À savoir qu’ils étaient arrivés à ce stade du tournoi sans marquer un seul but en plein cours du jeu. Jusqu’à Randal Kolo Muani, sur un centre de Mbappé, n’ouvre le score à la 9ème minute d’un magistral coup de tête et ne mette un terme à cette affligeante stérilité, ils n’avaient à leur actif qu’un penalty et deux buts contre leur camp que leur avaient concédés leurs adversaires… Et en 8ème, ils s’étaient imposés face au Portugal aux tirs au but. En réalité, cette réalisation de Kolo Miani ne fut qu’illusoire. Dès la remise en jeu, l’équipe de France renouait avec sa chronique impuissance à marquer.
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Dix minutes s’étaient à peine écoulées que le jeune prodige de la Roja, Lamine Yamal, pas encore 17 ans, portait l’estocade. D’un coup de pied magistral des 25 mètres, il envoyait en passant par la lucarne le ballon au fond des filets tricolores. Tous les commentateurs l’ont qualifié de « plus beau but du tournoi ». À peine quatre minutes plus tard, c’était « el descabello », le coup de grâce… le ballon se retrouvait au fond des mêmes filets français…
La réussite de la Roja n’est pas seulement imputable aux prouesses de ses deux prodiges, Lamine Yamal (17 ans le jour de la finale, donc), d’origine marocaine, et Nico Williams (22 ans), lui d’origine ghanéenne, et paradoxe respectivement joueurs, au FC Barcelone et à l’Athletic Bilbao, clubs fanions de deux provinces, la Catalogne et le Pays basque, qui revendiquent leur indépendance, ni à la pertinence de son sélectionneur, Luis de la Fuente, qui jusqu’à maintenant n’avait entraîné que les sélections de moins de 20 ans.
Le jeu des Espagnols, qui implique une grande cohésion entre joueurs, repose sur de courtes et usantes passes, sur une possession jalouse du ballon. Ce jeu n’est pas sans une similitude certaine avec l’art tauromachique qui consiste à prendre l’ascendant sur le taureau par des séries d’arabesques que le matador dessine avec sa cape. Et quand l’animal ne sait plus très bien où il en est, on lui porte l’estocade. Résultat, la Roja a gagné tous ses matchs.
Face à elle « tout est allé trop vite pour une équipe de France dont le socle défensif a craqué », avait estimé Le Monde. Car, selon Le Figaro, l’Espagne était « plus créative, plus brillante, plus culottée, plus talentueuse. »
La star Mbappé passe à côté de la compétition, Olivier Giroud… aussi
Qu’est-ce qui peut expliquer que la France a été l’ombre de ce qu’elle fut au Mondial au Qatar face à l’Argentine ? Seul Le Figaro a osé briser une omerta en posant une question que l’ensemble de la presse a éludée : que s’est-il passé avec Olivier Giroud ? Jusqu’à la demi-finale, la moyenne de temps de jeu de ce dernier n’avait été que de neuf minutes par rencontre… Alors, pourquoi Deschamps l’a sélectionné si c’était pour ne pas le faire jouer ?
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« En voulant axer toutes ses forces sur Mbappé, jamais au niveau durant l’Euro (…), Deschamps s’est raté », a insisté Le Figaro, sous la plume de ses deux chroniqueurs, Baptiste Desprez et Christophe Remise. Dans leur article de jeudi, intitulé « Tout ce qui a (vraiment) manqué aux Bleus dans l’Euro », ils enfoncent le clou. « Autre élément en sa défaveur, la mise au ban d’Olivier Giroud. Au regard des performances très faibles de Marcus Thuram et inégales de Randal Kolo Muani, l’expérience et l’efficacité dans la surface du meilleur buteur de l’histoire de la sélection auraient mérité plus de considération ». On peut ajouter qu’il aurait été plus approprié et judicieux que Thuram et Mbappé se préoccupent davantage de mettre le ballon dans la cage adverse que de chercher à infléchir le choix du bulletin que les électeurs envisageaient de glisser dans l’urne, en somme de jouer au foot et non les consciences. « Ce déclassement », comme l’a qualifié Le Figaro, la mise à l’écart du meilleur buteur de l’équipe de France (57 buts en 136 matchs), soulève en conséquence une autre question : celui-ci aurait-il un mobile extra-sportif ? Une explication s’impose !
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