Les 34 accusations formulées par le procureur new-yorkais contre l’ex-président constituent un exemple d’acharnement judiciaire à des fins politiques. Tribune libre d’Alain Destexhe, Sénateur honoraire belge, ex-secrétaire général de Médecins Sans Frontières.
Ne nous y trompons pas : l’inculpation de Donald Trump est un fait majeur dans l’histoire de la démocratie américaine.
Le 45ème président est victime d’un acharnement sans précédent depuis sa candidature à l’élection présidentielle de 2016. Il a été insulté et caricaturé comme aucun président avant lui. La haine qu’il suscite est à la mesure de la menace qu’il représente pour le deep state, c’est-à-dire l’establishment de hauts fonctionnaires qui contrôlent l’essentiel du pouvoir aux Etats-Unis, dominé par les Démocrates. Pourtant Trump n’a entravé aucune liberté publique, n’a poursuivi aucun journaliste (contrairement à Obama), a obtenu avant le Covid de remarquables résultats en matière économique, n’a jamais tenu le moindre propos raciste, a condamné le « suprémacisme blanc » qui n’existe pourtant que dans l’imagination des médias et des activistes.
Si Trump n’était pas à nouveau le favori républicain des sondages, il n’aurait jamais été inculpé. Inculpation pour 34 motifs – afin de frapper les esprits – de «falsification de documents commerciaux», 34 motifs qui se ressemblent, comme si un juge français avait mis un individu en examen, pour 34 chèques ou documents différents au lieu de faire une seule inculpation avec 34 éléments à charge. Le « hush payement » versé à Stormy Daniels, un « payement silencieux » est une pratique courante aux Etats-Unis. Par définition, son but est d’obtenir une certaine discrétion en échange d’une transaction financière. Le procureur affirme que cette dernière s’est faite via les sociétés de Trump, ce qui est illégal, mais il s’avère que l’ex-président a bien payé les montants avec ses fonds personnels via un transit par une de ses sociétés : une accusation donc pour le moins ténue, voire ridicule.
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Il n’empêche, dans le climat hyperpolarisé américain, les grands médias, à l’exception de Fox News, se réjouissent de cette inculpation qu’ils dénonceraient avec la plus grande véhémence si un Démocrate était visé. Hillary Clinton qui a violé la loi en utilisant un serveur privé pour ses communications officielles par courriels lorsqu’elle était Secrétaire d’État et dont la campagne a payé pour le « Steele dossier », créant de toutes pièces une soi-disant collusion entre Trump et la Russie (l’affaire du « Russiagate »), n’a pas été inquiétée, pas plus que Joe Biden et sa famille dont il faudra sans doute attendre qu’il ne soit plus président pour que la lumière soit faite sur leurs liens financiers avec la Chine et l’Ukraine.
Que dirait l’administration Biden (et les médias) si dans un pays d’Amérique latine ou de l’ex-URSS, le principal opposant au régime voyait sa maison envahie par des dizaines de policiers, ses affaires les plus intimes (et celles de sa femme) fouillées et confisquées par le pouvoir et était inculpé à quelques mois d’une élection majeure ? Quelle crédibilité aura-t-elle demain pour dénoncer, comme elle ne s’en prive pas un peu partout dans le monde, les « atteintes à la démocratie »?
Si la base républicaine se rallie autour de Trump et le fait encore grimper dans les sondages, la bataille électorale présidentielle se joue autour des 10 à 15% d’électeurs indécis qui peuvent changer de bord d’une élection à l’autre. La stratégie du Parti démocrate, relayée par la plupart des médias, est claire : faire de Trump le challenger du président sortant car il sera plus facile à battre que Ron DeSantis, beaucoup d’indécis étant las du feuilleton sans fin de la saga Trump. En instrumentalisant la justice à des fins politiques, ceux qui n’ont que le mot de démocratie à la bouche ne lui rendent pas service.
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