Avec ses 32000 agents (dont seulement la moitié de chercheurs) et un budget de 3,7 milliards d’euros, le Centre national de la recherche scientifique est devenu un pachyderme administratif qui cumule les doublons et ne figure plus depuis longtemps en tête des classements. Il existe d’autres établissements aux compétences quasi égales : les universités.
La situation très dégradée des finances publiques et l’excès évident de la dépense devraient imposer à tout gouvernement doté d’un minimum de courage une révision générale des politiques menées afin de traquer les organes inutiles, de rationaliser ce qui peut l’être et plus largement de redéfinir le champ d’intervention de l’État. Si une telle politique, à vrai dire inespérée, était menée, il y a fort à parier qu’une institution apparaîtrait bientôt dans le radar : le Centre national de la recherche scientifique. Certes, la façade est rutilante et peut faire illusion. Le CNRS, c’est 32 000 agents en 2021, derniers chiffres connus – dont seulement la moitié de chercheurs, le reste étant composé d’agents administratifs, ce qui laisse augurer d’un problème. C’est un budget de 3,7 milliards d’euros, dont plus de trois quarts de subventions de l’État (les ressources propres, c’est-à-dire les services rendus aux entreprises, mais aussi à d’autres organismes publics, en représentent donc moins d’un quart). C’est un organisme de rang mondial, le troisième, selon les organes de classement qui font autorité, et même le premier en Europe (mais ce classement comporte un biais important, non seulement en raison de la taille du CNRS, mais parce qu’il est fondé sur un nombre de publications dont beaucoup émanent en fait des universités). C’est enfin une histoire prestigieuse, et donc intouchable, puisque par le nom de son fondateur, Jean Zay, il est associé au meilleur de la Résistance française contre le nazisme, que le général de Gaulle en a fait, dans les années 1960, un des fers de lance de sa politique de grandeur nationale et que de nombreux scientifiques, parmi les plus reconnus et les plus récompensés, prix Nobel et médailles Field compris, ont travaillé en son sein.
Il reste que ces temps héroïques sont un peu derrière nous, si on en croit les derniers indicateurs disponibles et les évolutions inquiétantes qu’ils dessinent : la France ne consacre que 2,2 % de son PIB à la recherche, loin derrière l’objectif de 3 % fixé par l’Union européenne, loin, surtout, des 3,13 % que réalise l’Allemagne, et est totalement dépassée par les pays asiatiques les plus innovants (4,93 % pour la Corée) et, champion du monde, par Israël avec 5,8 %.
