Voici, à l’attention de M. Macron, une liste de propositions économiques qui pourrait en faire un président vraiment disruptif.
J’ai été très heureux de lire les intéressantes propositions de monsieur Nouailhac. Certes, elles ne brillent pas par leur originalité disruptive, mais elles ont le mérite de la sincérité. Moins d’Etat, moins de démocratie et plus de liberté à condition que celle-ci soit exclusivement limitée à une seule classe, celle des entrepreneurs. Il faudrait bien sûr garder une armée un peu puissante, au moins pour intervenir à l’intérieur, comme dans le Chili de Pinochet qui fut le premier pays à servir de terrain de jeu aux Chicago Boys.
Comme je suis moi-même passé de la fonction publique au secteur privé avec une partie de mon activité dans l’auto-entrepreneuriat, on me permettra d’exprimer à mon tour ce qui me semblerait une action nécessaire de la part du président Macron pour surmonter la crise économique qui vient, fille d’une crise sanitaire dont les parents sont la dégradation environnementale ainsi que le mode de production néolibéral et sa mondialisation délirante. La question pour la France n’est donc plus seulement de savoir qui va payer quoi mais d’éviter un effondrement et une tiers-mondisation accélérée.
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Réaliser au plus vite un audit de la dette
Le budget d’un État ne peut pas être comparé au budget d’une famille. Pour deux raisons essentielles. Primo, un État peut décider du montant de ses recettes par sa politique fiscale. Secundo, ses dépenses conditionneront ses recettes en finançant des infrastructures, des investissements, des salaires.
Si la dette publique augmente, c’est pour deux raisons:
- la baisse des recettes fiscales avec les cadeaux fiscaux successifs aux entreprises et aux contribuables les plus riches;
- l’interdiction que les gouvernements se sont imposés depuis 73 de faire financer les déficits publics par la banque de France puis par la BCE.
Heureusement, la mutualisation des dettes nationales au niveau européen semble prendre le bon chemin. Panser les blessures de la crise sanitaire, relancer l’activité en relançant la demande, rénover les systèmes scolaires et hospitaliers, créer les millions d’emplois dont on aura impérativement besoin pour la transition écologique.
Redéfinir le périmètre du marché
En 1945, une France en ruines est redevenue en quelques années une puissance économique et politique mondiale, avec un haut niveau de protection sociale. Le pragmatisme gaulliste a en effet compris que le secteur privé, après s’être largement déshonoré dans la collaboration, ne pouvait assurer une reconstruction digne de ce nom en étant seulement aiguillé par une vision comptable de rentabilité court-termiste.
Il a été donc été décidé par le CNR de nationaliser de larges pans de l’économie parce qu’ils appartenaient aux « communs » de la nation : les transports, l’énergie, les communications, la santé, l’éducation et une bonne partie du crédit. Il faut renouer d’urgence avec cette vision car nous sommes en guerre aujourd’hui contre un système mondial devenu fou qui court à sa perte et nous avec. Inutile de donner des milliards aux grands groupes qui s’en servent pour licencier massivement comme on le voit ces temps-ci.
Faisons-les plutôt rentrer dans le giron de la nation en expropriant les patrons et les actionnaires. Une économie de marché pourquoi pas, mais pas une société de marché: elle a fait preuve de sa toxicité depuis trente ans.
Promouvoir une politique salariale innovante
Plutôt que de fixer une rémunération maximale ou minimale, fixer un écart salarial qui aille de 1 à 15.
Aucune loi ne pourra empêcher des patrons de se rémunérer un million d’euros par mois, si le plus bas salaire de leur entreprise est aux alentours de 65000 euros, par exemple les techniciennes de surface. Qui peut dire en effet que son travail est quinze fois plus nécessaire que de récurer des toilettes ?
Redéfinir le temps de travail
Sa réduction est une nécessité impérieuse pour relancer l’activité qui consistera essentiellement à assurer la transition écologique. La convention citoyenne avait pensé à 28 heures, hélas tout de suite écartées par les archaïques tandis que la Nouvelle-Zélande est passée aux 32 heures. En effet, si on veut favoriser la relance par la demande dans une économie déprimée, il faut que tout le monde puisse travailler. Travailler plus d’un côté alors qu’on licencie est un non-sens, ou alors c’est encore une fois, mais je n’ose l’imaginer, que la durée du temps de travail et les plans sociaux seraient des variables d’ajustements pour maximiser les profits. Dans le même ordre d’idée, une retraite à 55 ans pour les métiers pénibles (policier, infirmière etc..) et à 60 ans pour les autres (y compris les éditorialistes des chaines infos) est urgente alors qu’arrive 800 000 jeunes sur le marché du travail en septembre.
En finir avec la Vème république
L’archaïsme d’une hyperprésidence aggravée par la coïncidence des présidentielles et des législatives est apparu en pleine lumière à l’occasion de cette crise sanitaire, surtout quand le président est mauvais ou très moyen.
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Il est temps de restaurer le rôle d’un parlement élu pour quatre ans à la proportionnelle intégrale par liste régionale à seuil de 3%. Le chef du parti arrivé en tête sera nommé Premier ministre. Chaque parlementaire sera révocable par ses électeurs à qui il rendra compte tous les six mois. Le même mécanisme de révocation des élus sera mis en place au niveau des régions, des départements et des communes.
Régularisation massive et automatique des sans-papiers
Comme l’a fait le Portugal pendant la crise, cette régularisation permettra aux sans-papiers de travailler dans un cadre légal et ainsi de cotiser, ce qui aidera grandement à équilibrer les comptes sociaux.
Repenser la fiscalité
Passer de cinq à quatorze tranches d’imposition. Traquer l’évasion fiscale qui se monte annuellement aux alentours de 90 milliards d’euros. Déchoir de leur nationalité, comme aux Etats-Unis, les contribuables qui ne paient plus leurs impôts sur le territoire national.
Droit à l’expérimentation sociale
Sur le modèle de Notre-Dame-des-Landes et des communautés autonomes du Plateau de Millevaches, l’État pourra aider les modèles alternatifs et utopies concrètes qui se créent chaque jour et éventuellement s’inspirer de ces « laboratoires sociaux » qui créent les contours de la France de demain.
Alors, monsieur le Président, si vous voulez laisser votre marque dans l’histoire…
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