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Et avez-vous un peu pensé aux patrons?!

Sophie de Menthon, au bord du burnout, pousse un coup de gueule...


Et avez-vous un peu pensé aux patrons?!
Sophie de Menthon © IBO/SIPA Numéro de reportage: 00725460_000001.

S’il y en a qui ne la ramènent pas pendant que tant de Français râlent matin, midi et soir autour de la réforme des retraites, ce sont bien eux. Et pourtant…


En tant que patrons, majoritairement, nous faisons tout ce que nous pouvons pour nos salariés.

Le salarié, ce privilégié des temps nouveaux ! Le salarié auquel il faudrait à tout prix offrir un nouveau rapport au travail, consistant à travailler moins et plus agréablement ; ce salarié nouveau qui aurait un droit à la paresse, qui devrait toujours pouvoir privilégier sa vie personnelle, qui exige dès que c’est possible du travail à distance etc…


Et, avez-vous pensé au patron ? Lui qui lutte tous les jours pour gérer son entreprise ? Le patron, pour qui la paresse est un concept lointain ? Lequel doit composer avec des salariés qu’il aime (si, si), mais que des politiques de tous bords démotivent à loisir pour se faire bien voir des électeurs qu’ils contribuent par ailleurs à appauvrir ? Le « chef » passe par pertes et profits, de nos jours. Rien n’est jamais fait pour le patron, « coupable, forcément coupable ».

Un État omnipotent à la solde des salariés

L’État-patron, lui qui sait tout si bien, demande aux entreprises privées qu’elles augmentent leurs salariés, alors qu’il gère les siens de la plus mauvaise des façons – les fonctionnaires partent à la retraite avant tout le monde, sont en grève à la moindre occasion et se plaignent plus que les autres. Charité bien ordonnée commencerait par la Fonction Publique !

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On n’imagine pas les répercussions que les injonctions permanentes à faire plus, et mieux, peuvent avoir sur le moral, la vie et le stress des patrons. Lorsqu’on parle de « patron », il faut comprendre tous ceux qui encadrent, qui sont chefs, ou ont des responsabilités dans nos entreprises… Il faut penser aux quatre millions d’entrepreneurs en France, à ceux qui sont « à leur compte » et emploient des salariés épisodiquement. Il faut penser aussi aux professions libérales, aux artisans, aux médecins, aux dentistes… Nos médecins, outre leur métier difficile, se retrouvent devant des obligations de vrais entrepreneurs, payant (cher) pour les locaux de leur cabinet, s’occupant de toute la paperasserie administrative propre à une entreprise, et de celle propre au secteur de la santé qui est pire encore ; ils ont eux aussi des salariés à gérer (préposées à l’accueil, assistantes…)

La menace du quiet quitting plane au-dessus de la tête des patrons

A propos de qualité de vie au travail, imagine-t-on une cheffe d’entreprise qui prendrait un jour par mois pour ses règles ? Qui se mettrait en « congé maladie » parce qu’elle est fatiguée, ou qui se déclarerait en burn-out face à la moindre contrariété ? Non : pour les patrons, il y a obligation de réussite, il faut motiver les troupes de l’entreprise, accéder à leurs demandes, donner du sens à leur travail, les féliciter… Et, puis, bien sûr, « partager la valeur » avant même de penser à la créer… En revanche, quand il y a un problème financier, c’est la maison du patron qu’on prend en caution. Nos « chefs » ont besoin d’être félicités, eux aussi, remerciés, qu’on leur témoigne de la fidélité, que l’on déborde éventuellement sur les horaires s’il y a une urgence, que l’on ne les laisse pas seuls le vendredi parce que c’est le jour préféré de télétravail dans l’équipe !

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Avec la panne actuelle dans le recrutement, les patrons font tout pour garder leurs salariés, alors que, de plus en plus souvent, ces derniers se sentent le droit de négocier une rupture conventionnelle à la moindre occasion… pour finalement aller ailleurs. Certains menacent mollement : « je ne suis plus motivé » D’autres trouvent une meilleure formule : « j’ai fait le tour du job ». Et puis, il y a ceux qui font le strict minimum pour être poussés vers la sortie… Et ne parlons pas de ceux qui cherchent à profiter du « barème Macron » pour prendre un chèque supplémentaire en partant ! Le boss, lui, travaille sur son ordi tout le week-end et croule sous les mails en retard. Mais, s’il a le malheur de communiquer le samedi ou le dimanche avec un salarié, il risque les prudhommes !

Patron, espèce en danger

Les PME françaises grossissent moins que dans les autres pays, allez chercher pourquoi.

Pour faire semblant de traiter le problème, on crée des « effets de seuil », qui ont en fait comme unique conséquence d’empêcher les toutes petites entreprises de grossir. Car il faudrait être idiot pour recruter le salarié supplémentaire qui va vous faire dépasser le fameux seuil. On va plutôt lui dire de se mettre en « travailleur indépendant ». Oui : la complexité et les menaces fiscales sont telles que de nombreux chefs d’entreprise détournent le statut d’auto-entrepreneur, pour avoir le moins de salariés possible, et ce dans tous les secteurs – y compris le service public. On recrute donc des salariés, à la condition qu’ils aient leur structure personnelle. Tout le monde y gagne : moins de charges et surtout moins de contraintes et d’ennuis… Sauf que ce système est évidemment pervers et a totalement détourné le statut du véritable auto entrepreneur et que tous ces faux salariés auront de vrais problèmes à la retraite.

Parallèlement, l’autorité du patron est très mal vue, en particulier par les syndicats. Elle est sapée continuellement, jusqu’à ce qu’on ne puisse plus faire le moindre reproche (c’est pourtant parfois utile, en cas d’erreur majeure du salarié dans son travail !) sous peine de voir la victime se déclarer en burn-out, voire harcelée, avec abus de position dominante.

En revanche, je l’ai déjà dit : interdiction de parler du burn-out des entrepreneurs ou des directeurs impliqués et au bout du rouleau, lesquels serrent les dents parce que eux portent tout sur leurs épaules… Pas le choix ! Alors, pour une fois, si le pays tout entier pouvait exceptionnellement dire vraiment : « Merci patron ! ».

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Chef d'entreprise, présidente du mouvement ETHIC.

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