Ce qui différencie la Résistance de la résistance est plus qu’une majuscule. Devenu un concept fourre-tout, la résistance permet à chacun de défendre sa cause, du réchauffement climatique à la cause palestinienne, tout en se prenant pour Jean Moulin.
« Résistance » est un trop beau mot pour qu’on en mésuse ou en abuse. À cet égard, l’entrée au Panthéon de Missak Manouchian, de son épouse Mélinée et du groupe des 23 fait figure de salutaire rappel à l’ordre. Ceux-là au moins n’ont pas cédé au défaitisme munichois, brandi comme un épouvantail par Gabriel Attal qui en appelait récemment à « l’esprit français de résistance » pour convaincre les députés de soutenir l’Ukraine. La décence voudrait pourtant qu’on se souvienne que cet « esprit » n’a pas soufflé sur tout le peuple français ; elle voudrait aussi qu’on s’aperçoive que la « défaite » française a gagné du terrain à l’école comme dans les quartiers gangrenés par l’insécurité, dans les campagnes sinistrées comme à l’hôpital, et qu’elle tient davantage à l’incurie ou à la lâcheté des responsables politiques qu’au défaitisme de la population. N’allez donc pas invoquer les mânes des maquisards face aux Français qui résistent comme ils peuvent pour ne pas s’abandonner à l’insanité d’une vie qui de toutes parts se défait[1]!
Car la « résistance » est dans l’air du temps, un peu comme la
