Une réponse à la dernière « péroraison » de Jérôme Leroy…
Les communistes, au même titre que le globicéphale noir ou le dugong dugon, appartiennent à une espèce protégée. Personne ne sait vraiment pourquoi mais c’est un fait patent, depuis toujours. A contrario, les électeurs de Monsieur Zemmour appartiennent à une espèce nuisible, si l’on en croit les propos d’un professeur en Sorbonne adressés à ses étudiants, et rapportés par le sénateur Stéphane Ravier : « si certains ont voté Zemmour, je les considère comme des bêtes à abattre ». Il est vrai qu’il ne suit en cela que les traces du ministre de l’Education nationale qui déclarait il y a peu que Monsieur Zemmour était « un poison lent contre lequel il faut mettre les Français en garde, et nous avons, nous, du côté de l’Éducation nationale, notre rôle à jouer » [1].
Après ce petit rappel, revenons aux communistes. Donc en tant qu’espèce protégée ils se portent bien et maintiennent une présence tous azimuts au cœur de notre société attendrie par leur belle âme si sympathique. Même une revue plutôt de droite comme Causeur a son communiste, comme les dames de la bonne société avaient autrefois leurs pauvres. Ainsi pouvons-nous avoir régulièrement le sempiternel catéchisme marxiste (tellement ressassé qu’on le croirait parfois tiré des œuvres de Groucho plutôt que de celles de Karl). Un catéchisme qui a toujours su manier les grands mots et les phrases ronflantes pour mobiliser les damnés de la terre et faire du passé table rase. Dernier exemple en date, la péroraison de « l’adresse aux vieux cons » de Monsieur Leroy, à propos des jeunes qui manifestent contre la réforme des retraites : « Ils manifestent contre Macron et son monde. Ils manifestent contre la culture de mort que fait régner le libéralisme en phase terminale. Ils manifestent pour vivre sur Terre, d’une vie réellement humaine. » Que dire devant tant de grandeur d’âme… peut-être simplement que les beaux sentiments communistes, les lendemains qui chantent ont toujours été des lendemains qui pleurent. Tous ceux qui ont un peu de bouteille devraient le savoir, les sociétés qui se réclament du marxisme aboutissent à des catastrophes, à l’oppression et à la mort. Malheureusement, plutôt que d’expliquer cela sans relâche aux jeunes générations, plutôt que de démonter le mécanisme fatal d’une idéologie mortifère, on laisse chanter les sirènes d’« une vie réellement humaine ». Et ça marche toujours, parce que les gens sont de braves gens et que bien sûr ils veulent une vie « réellement humaine ». Et ça marche toujours parce que la solution semble simple : supprimer le libéralisme (ou le capitalisme comme on disait autrefois). Et si l’on en croit Monsieur Leroy, ça commence par faire taire les vieux de droite.
En tant que vieux boomer de droite je veux donc répondre aux propos passablement fielleux de Monsieur Leroy. D’abord que l’on peut être un vieux de droite, même pas riche, après avoir été soixante-huitard gauchiste, époque à laquelle notre procureur anti-vieux était encore un petit enfant. Ce passage progressif de gauche à droite fut le destin logique de tous ceux qui eurent la révélation progressive, et consternante, des mensonges, des ignominies et des crimes d’une idéologie qui leur avait paru si belle. Que l’on ose encore se réclamer, de près ou de loin, de cette philosophie, de la « lutte des classes », de l’« anticapitalisme », pour la jeunesse, contre les vieux, pour les pauvres contre les riches, tout cela montre qu’effectivement les braises de la guerre civile dont rêve tout bon léniniste ne sont pas encore éteintes.
[1] Radio J, 4 décembre 2022