Fondé en 2013 à partir d’une scission du PP, Vox est en train de s’imposer parmi les principaux mouvements politiques espagnols. Associant autorité de l’État et libéralisme économique, il séduit autant les jeunes urbains que les régions pauvres d’Espagne.
Le dimanche 10 novembre 2019 au soir, au siège du parti Vox, à Madrid, les militants et dirigeants de la formation ne boudaient pas leur plaisir. Avec plus de 3,6 millions de suffrages exprimés (soit un million de plus que lors du scrutin national du 28 avril) et 52 députés (sur 350), le parti classé à l’extrême droite par la plupart des médias représentait un peu plus de 15 % des votants et réalisait le meilleur score de son histoire.
Vox entrait ainsi dans l’histoire récente de notre voisin ibérique en devenant la première force politique de cette nature à compter autant dans le jeu national. Depuis la mort de Francisco Franco, le 20 novembre 1975, l’électorat espagnol penchait nettement à gauche et, en dehors de Blas Piñar lors des élections générales du 1er mars 1979, aucune personnalité de « droite radicale » n’était parvenue à se faire élire aux Cortes Generales (le Parlement espagnol). Plus encore : Vox a obtenu 2 sénateurs sur les 208 dont le siège était à nouveau soumis au vote des électeurs espagnols.
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Les affaires semblaient pourtant mal parties pour Vox, formation fondée le 17 décembre 2013 par des dissidents du Parti populaire (PP, démocratie chrétienne) et divers activistes de droite, dont la journaliste Cristina Seguí, l’ancien otage de l’ETA José Antonio Ortega Lara et le philosophe José Luis González Quirós. Après une première crise, le jeune dirigeant politique basque Santiago Abascal (né à Bilbao en 1976) devient président de la formation début 2014. Son idéologie, clairement marquée à droite, a peu évolué depuis lors : volonté de recentraliser l’administration espagnole ; rejet des lois sociétales et de toute loi mémorielle ; allègement substantiel de la fiscalité et diminution du poids de l’État dans l’économie ; accroissement des aides à la natalité et à la famille ; un certain euroscepticisme ; lutte contre l’immigration ; combat contre le séparatisme et le terrorisme basque.
La présence du PP et le manque de médiatisation ne permettent pas à Vox d’émerger entre 2013 et 2018. Lors du scrutin européen de 2014, la tête de liste, Alejo Vidal-Quadras, ne parvient même pas à se faire élire. Aux élections régionales de 2015, aucune des listes présentées par la formation ne dépasse 1,30 % des voix et, au scrutin général de la même année, Santiago Abascal n’obtient que 0,23 % des suffrages exprimés. En 2016, les élections générales ne lui sourient pas davantage avec 0,20 % des voix.
Le tournant de 2018
C’est avec le scrutin régional andalou du 2 décembre 2018 que tout bascule. Dès le mois d’octobre, de nombreux observateurs signalent qu’à la faveur de la crise séparatiste catalane, du mécontentement face aux partis traditionnels et de l’érosion d’un pouvoir socialiste qui gouverne la communauté autonome sans discontinuer depuis 1978, l’extrême droite a de grandes chances de faire une percée. Pourtant, en dehors de la toute dernière semaine de campagne, aucun sondage ne prédit le résultat final : 11 % des suffrages exprimés, soit 400 000 votants (contre 18 000 en 20159) et 12 sièges sur 109. Aux côtés du bon score de Citoyens (21 élus), cette poussée permet à la droite de…
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