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Eschyle et Euripide contre la « cancel culture »


Eschyle et Euripide contre la « cancel culture »
Lucia Lavia dans le rôle de Dionysos © Photo Michel Pantano

Entretien avec Marina Valensise, « consigliere delegato«  à l’Istituto Nazionale del Dramma Antico


Le 3 juillet, l’INDA (Istituto Nazionale del Dramma Antico) a lancé sa nouvelle saison de représentations classiques au Théâtre grec de Syracuse devant 3000 spectateurs avides de catharsis. En temps de pandémie, ce terme résonne singulièrement. Faut-il rappeler que le théâtre est né en Grèce d’un rite sacrificiel consistant à faire incarner par un personnage toutes les fautes d’une collectivité, pour lesquelles il souffre et renaît, sanctifié, purifié ? À l’époque, Syracuse était grecque. Platon y séjourna à deux reprises, tentant en vain de mettre en œuvre son projet politique. Au siècle dernier, la cité renoue avec ses origines grâce à une poignée d’artistes et entrepreneurs de génie. Ils redonnent vie au rite tragique au pied des célèbres gradins où Eschyle fit le voyage pour y créer, il y a 2500 ans, ses Aitnans. Ironie de l’histoire : c’est il y a cent ans exactement, en 1921, que ces visionnaires créent une nouvelle lecture de l’Orestie après des années d’interruption à cause de la pandémie de grippe espagnole.

Le Théâtre grec de Syracuse en 1921. Photo Angelo Maltese.

Trois productions sont données cette année au Théâtre grec : Les Euménides et Choéphores d’Eschyle par Davide Livermore (3-31 juillet), Les Bacchantes d’Euripide par Carlus Padrissa avec sa Fura dels Baus (4 juillet-20 août) et Les Nuées d’Aristophane par Antonio Calenda (3-21 août). Au milieu du champ de bataille où le covid a mis la culture K.O. au troisième round, celle-ci se redresse et gonfle ses poumons. On est ébloui par la débauche de moyens (sons et lumières, scénographies monumentales dignes des plus grands shows de la scène internationale) et par des comédiens qui nous rappellent que l’Italie a été à l’origine du théâtre moderne. On retiendra particulièrement Les Bacchantes qui émergent dos au public, plaçant ce dernier au centre de la scène avant de dévaler au pied d’une grue qui les soulèvera dans une chorégraphie parfaitement réglée, à 30 mètres au-dessus du sol. Deus ex machina, Dionysos émerge d’une poche de liquide amniotique également suspendue dans les airs. Il est incarné par une


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