En faisant l’éloge des mots métissés et en minorant le poids de l’héritage latin dans notre langue, le nouvel essai d’Erik Orsenna et Bernard Cerquiglini entend clouer le bec aux apôtres d’une illusoire pureté nationale.
Dans le débat télévisé du 23 septembre 2021, le leader de la France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon, opposait, au discours identitaire de Zemmour, le concept politique de créolisation, repris d’Edouard Glissant et professé dans certaines universités parisiennes. Pour le chantre du Tout-Monde, notre langue française serait vouée à la créolisation, phénomène dû à la rencontre souvent violente de cultures, mêlé « d’avancées de conscience ». De loin venue, la créolisation aux effets imprévisibles — par opposition au métissage— serait donc le remède à l’hégémonie culturelle contre « le grand remplacement ».
Un grand enrichissement
Pour satisfaire notre besoin de biodiversité, l’Académicien Erik Orsenna vient d’écrire, à quatre mains avec le linguiste Bernard Cerquiglini, un conte, intitulé Mots immigrés. Tout un programme: la langue française serait un métissage de mots, venus d’ici et là, au fil du temps. Ainsi compterait-elle autant de mots arabes que gaulois. Grand remplacement ? Non, mais grand enrichissement.
